Dans l’univers des réseaux sociaux et des sites communautaires, les levées de fonds ou les projets d’introduction en Bourse se multiplient. A la différence des années 2000, caractérisées par une euphorie vite retombée, le modèle économique de ces firmes est clairement établi.
Régulièrement évoquée, la cotation de Facebook se fait désirer. Désormais valorisé, selon le site SharePost, 83 milliards de dollars, le réseau social a réussi, il y a quelques semaines, à boucler une opération financière exceptionnelle sans appel au marché. Suite à une levée de fonds de 1,5 milliard de dollars organisée par ses soins, la banque d’affaires Goldman Sachs a investi 500 millions de dollars dans l’entreprise, avec l’appui du russe Mail.ru. L’objectif actuellement poursuivi par les dirigeants de Facebook semble donc, dans l’immédiat, de continuer à croitre et à répandre ses services… dans le plus grand secret.
La Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain, pourrait, selon plusieurs sources, être amenée à enquêter sur les conditions de l’opération, un certain nombre de données financières devant être communiquées au-delà de 499 actionnaires. Or, Facebook ne devrait pas publier d’informations de ce type avant avril 2012… Une opération de cette importance, menée sans introduction en Bourse, constitue un fait exceptionnel à la sortie de plus de deux ans de crise économique et financière. Avec, selon les documents édités par Goldman Sachs, un bénéfice net de 355 millions de dollars (273 millions d’euros) pendant les neuf premiers mois de 2010, Facebook constitue une firme particulièrement alléchante pour les investisseurs.
Un engouement qui semble justifié
Cette frénésie autour de Facebook se déroule pourtant sans que le site n’ait présenté, à l’heure actuelle, de projet d’introduction en Bourse. Cela n’empêche pas d’autres « stars » du Web à présenter leurs projets d’IPO. Muriel Faure, gérante du fonds spécialisé IT Technologies Investissement, voit dans ce mouvement « le retour en grâce d’un segment injustement laissé pour compte pendant 10 ans. On est loin de l’emballement du début des années 2000, lorsque les investisseurs misaient sur n’importe quelle start-up qui venait de se lancer », précise-t-elle à Capital.
Le réseau social professionnel LinkedIn, lancé en 2003, a réalisé l’an dernier un bénéfice net de 1,85 million de dollars. Il n’avait jamais, auparavant, été bénéficiaire. Le modèle économique de l’entreprise se base sur la publicité, comme la plupart de ses concurrents, et sur des abonnements premium, permettant aux utilisateurs d’accéder à davantage de fonctionnalités. Une introduction en Bourse lui permettrait d’élargir ses perspectives, et devancer Facebook. 85 millions d’utilisateurs réseautent dans une optique carrière et business, à contre-courant de Facebook ou de Twitter qui prétendent rassembler les plus fortes masses d’internautes pour les mettre en relation via leurs amis ou les contenus qu’ils partagent. Le pouvoir d’achat des membres de LinkedIn et un ciblage publicitaire plus fin sont les atouts commerciaux du site, qui compte pour principal rival le Français Viadeo.
Davantage grand public, Groupon suscite également l’intérêt des investisseurs même si, là aussi, aucune IPO n’est encore concrétisée. 950 millions de dollars de titres ont été placés par la société auprès de fonds d’investissement et d’investisseurs spécialisés, tandis qu’une offre de rachat d’une valeur de 6 milliards de dollars formulée par Google a été rejetée. Le moteur de recherche devrait lancer, en réaction, Google Offers, qui consisterait également en un service de bons de réduction localisés accessibles dans le cadre de regroupements d’internautes. L’entreprise a réussi la plus importante levée de fonds réalisée par une start-up. Selon l’AFP, l’hypothèse d’une introduction en Bourse ce trimestre est maintenue, sur la base d’une valorisation qui pourrait s’élever à 15 milliards de dollars. Le site a triplé son audience depuis le lancement de sa version française en mai 2010.
Tous les sites communautaires ne sont toutefois pas logés à la même enseigne. Ainsi, Twitter repousse régulièrement un projet d’entrée en Bourse, tandis que Skype, qui a changé de direction, tablerait désormais sur une IPO pour le second semestre. Avec le milliard de dollars en ligne de mire…
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