Mister K, Ishkar, Kilomètre… Des créatrices s’impliquent dans la mode à travers des engagements sociétaux forts et l’envie de raconter de nouvelles histoires.
« Human face of fashion », telle est la baseline de Face to Face, dont la quatrième édition s’est déroulée début décembre à Paris. Deux fois par an, et sur le Web sous la forme d’une plateforme digitale vouée à devenir une marketplace, une trentaine de jeunes créateurs (mode, arts graphiques, objets, food…) sont conviés à rencontrer des influenceurs et des consommateurs dans des lieux iconiques. « Il est nécessaire, dans le monde de la mode, d’intégrer la notion de prix justes : on comprend pourquoi on paie tel prix, comment on fabrique les vêtements, quelle est la démarche de la marque… L’éthique et l’esthétique sont la base de notre concept, qui insiste également sur la personnalité des créateurs, que l’on rencontre systématiquement », indique la fondatrice de Face to Face, Marianna Szeib.
Les représentants des marques présentes adhèrent à ce discours. « Après deux ans de traitement, je souhaitais mettre mon expérience dans la mode au profit des malades. J’ai donc crée en 2014 Mister K, une marque de sweatshirts, papeterie… avec des messages, et un travail de fond autour de la question du cancer. L’idée est de créer une marque fédératrice et engagée en faveur de la résilience », a expliqué Charlotte Husson à l’occasion d’un débat. « On veut surprendre, en montrant des facettes ignorées des pays en guerre. Ils sont isolés, nous rencontrons des problèmes logistiques, de transport, d’assurance… Certains verres produits en Afghanistan ont été en rupture de stock durant cinq mois, mais nous en avons expliqué les raisons à nos clients. Cela fait peur aux investisseurs », regrette la cofondatrice d’Ishkar, Flore de Taisne. Lancée en 2016, cette plateforme s’appuie sur l’expérience de ses créateurs, qui ont travaillé durant trois ans dans des ONG en Afghanistan.
Ces histoires d’entreprise hors du commun rejoignent le discours engagé de marques telles que Kilomètre, lancée en 2016 par Alexandra Senes : « découvrir le monde est l’idée ultime du luxe. Kilomètre ne se limite pas à la mode, il s’agit de raconter une histoire. J’ai un passé de journaliste, sur lequel le m’appuie pour faire découvrir, à travers ma gamme, des lieux qui montent. » Chaque destination s’affiche sur les différentes créations – l’aventure a débuté avec un stock de 400 chemises. Pour Charlotte Husson, l’idée de raconter une histoire s’inscrit également dans le vrai, avec un compte Instagram, « La Kommunauté », qui permet aux personnes atteintes d’un cancer d’échanger entre elles. « Il faut montrer qu’on a beaucoup d’énergie », renchérit Flore de Taisne.