« Ces chiffres font mal. Un patron devrait donner l’exemple, estime Anne Demelenne de la FGTB. Lorsque la situation du travailleur est pénible, notamment en matière de pouvoir d’achat comme maintenant, c’est afficher bien peu de considération pour lui que d’exhiber de tels revenus ! C’est symbolique et très symptomatique de ce qui se passe au niveau patronal« , explique une syndicaliste belge à La Libre Belgique.
La publication des revenus des patrons des vingt premières entreprises côtées en Bourse (le Bel 20) a provoqué des remours outre-Quièvrain, des débats accentués par la remise en cause par le président de la BCE Jean-Claude Trichet du principe d’indexation des salaires sur l’inflation. Celle-ci y a atteint 4,39% sur un an. Au premier rang des rémunérations les plus décriées ou remarquées, celle du CEO d’InBev Carlos Brito. Le patron du brasseur belgo-brésilien peut se targuer de toucher pas moins de 4,3 millions d’euros par an. Les salaires des patrons belges s’avèrent cependant être dans la moyenne mondiale, selon la Commission Corporate Governance, à l’origine de ces chiffres.
Les Pays-Bas ne sont pas en reste. Le Parlement va devoir se prononcer sur une batterie de mesures destinées à freiner les excès de certains patrons concernant leurs salaires, au risque de paraître moins attractifs. 30% de taxe sur les primes de départ pour les dirigeants dont le salaire annuel dépasse 500.000 € si la prime est supérieure au salaire annuel; 15% de taxe supplémentaire sur la prime de retraite en cas d’augmentation des salaires dans les mois qui précèdent le départ à la retraite; surtaxe sur les revenus de gestionnaires de fonds d’investissements propriétaires d’une partie du fonds qu’ils gèrent sont au programme.
Enfin, la palme de l’initiative populaire revient à la Suisse, où 100.000 signatures peuvent conduire à la tenue d’un débat parlementaire. Cette étape franchie, un texte sur les rémunérations abusives est désormais entre les mains du palais fédéral de Berne. La question des hautes revenus tourmente donc une Europe inquiète pour son pouvoir d’achat, mais toujours balancée entre le désir de règlementer ces rémunérations et la crainte d’une perte d’attractivité.