L’administration Obama a piloté le dépôt de bilan de General Motors et le plan de relance du constructeur. Les récentes incursions de l’Etat dans l’économie sèment le trouble au sein d’un pays réputé pour figurer parmi les plus libéraux.
Comme prévu, General Motors (GM) s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites américaine, déposant son bilan. Cette procédure, volontairement décidée par l’administration Obama et les dirigeants de l’ex-numéro un mondial des constructeurs automobiles, doit permettre de remettre à flot cet ancien fleuron de l’économie américaine, dépassé par les évolutions sociologiques et exangue financièrement.
Un « plan viable et réaliste qui donnera à cette entreprise américaine emblématique la chance de se redresser » est mis en place, selon Barack Obama qui affronte ici un nouveau sauvetage économique: après les banques à l’automne dernier, c’est désormais l’industrie automobile qui appelle les autorités à la rescousse. L’Etat entre à hauteur de 60 % dans le capital de GM, va injecter 30 milliards de dollars en supplément des 20 milliards déjà accordés, et va entamer un plan d’action dans une société qui naîtra sur les ruines du constructeur automobile déchu.
C’est un plan massif de restructuration que s’apprête à engager le gouvernement, en fermant onze usines et en plaçant trois autres ateliers au chômage technique. Le puissant syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW, a fait de nombreuses concessions sur les salaires et la couverture médicale des retraités, des avantages qui devraient être au moins partiellement récupérés par un fonds chargé de financer la couverture santé des retraités du groupe. Ce fonds détiendra 17,5 % du capital du groupe, qui ne sera pas géré directement par l’Etat au quotidien.
Le gouvernement « ne souhaite pas détenir des participations au capital de sociétés plus qu’il est nécessaire et cherchera à céder ses intérêts aussitôt que cela sera possible », a expliqué Barack Obama, écartant les accusations d’une trop grande nationalisation: ce rapatriement dans le giron de l’Etat a vocation à être temporaire, l’objectif d’une sortie du redressement judiciaire devant être effectué dans les quatre-vingt-dix jours. Un conseil d’administration privé devra mener à bien la relance de General Motors, l’activité se poursuivant dans des conditions relativement normales malgré ces turbulences judiciaires et économiques.
Des actions à vocation temporaire
Cette opération de sauvetage sous la coupe des gouvernements américains et canadiens relance le débat sur l’emprise de l’administration Obama sur l’économie. En février, alors que les autorités étudiaient les cas de Citigroup et de Bank of America, des voix s’étaient élevés sur cette prise en main de grandes entreprises, écartant une tradition de non-intervention de l’Etat pour des actions ponctuelles destinées à sauver des grandes firmes américaines. Le porte-parole de la Maison Blanche avait alors coupé cours à cette polémique en affirmant que « l’Administration continuait à croire fermement qu’un système bancaire privé correspond à la voie à suivre ».La nationalisation des entreprises, à vocation transitoire, ne constitue pas, selon le gouvernement américain, une porte d’entrée vers un modèle socialiste.
Les actions antérieures semblent toutefois faire preuve d’une certaine durabilité, au vu de certaines entreprises du secteur financier: ainsi, les agences de refinancement de crédits hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac sont sous tutelle depuis septembre, et a mis en place une ligne de crédit de 200 millions de dollars pour maintenir dans le vert ces entités privées essentielles à l’économie.
Les 45 milliards d’aides allouées à Citigroup devraient prochainement être converties en actions, ce qui permettra au Trésor de détenir 34 % du capital de la banque. L’assureur AIG voit son capital aux mains de l’Etat à hauteur de 79,9 %. Dans le secteur automobile, l’Etat américain a opté pour une prise de participation à minima chez Chrysler, à 8 %, préférant agir en faveur d’une cession à un groupe d’industriels mené par Fiat.
En injectant des fonds et en entrant au capital d’entreprises majeures de l’économie, l’Administration Obama tente de contenir un naufrage généralisé du système, et de préserver son image en souhaitant agir pour les américains, sans pour autant étouffer le sacro-saint « laisser-faire ». Une posture qui, au vu de l’état de l’économie, semble difficile à tenir.