Des emplois non délocalisables, des embauches à tous niveaux de diplôme, une implantation nationale : la grande distribution fait figure de remède anti-crise dans un contexte de forte poussée du chômage.
« En dépit de la conjoncture économique actuelle difficile, nous sommes fiers d’être en mesure de créer des emplois de qualité pour des milliers d’Américains cette année. Créer des emplois est pour nous une façon d’aider les gens à travers le pays à mieux vivre », a expliqué le vice-président de Wal Mart suite à l’annonce de la création de 22.000 emplois dans les mois à venir, au sein de ses établissements américains.
Le premier distributeur mondial a enregistré en avril une progression de 5 % de ses ventes américaines, hors carburants et à surfaces de vente constantes, augurant un potentiel rebond de la consommation des ménages. Après avoir engagé un plan d’économies, rognant essentiellement sur des emplois administratifs, le groupe redore son blason à travers la création d’emplois, une nouvelle bienvenue dans la situation actuelle. Un nombre important de magasins sera concerné par des extensions, tandis que d’autres unités devraient ouvrir d’ici la fin de l’année.
En France, la grande distribution compte plus de 630.000 salariés, parmi lesquels une majorité de femmes et de jeunes de moins de 35 ans. Près de 10.000 embauches sont réalisées chaque année, les enseignes tablant désormais sur l’essor des contrats d’apprentissage et de professionnalisation. La pénurie de main-d’œuvre dans les métiers de bouche (boucherie, boulangerie…) incite les distributeurs à collaborer davantage avec les établissements scolaires. Les enseignes capitalisent par ailleurs sur leur notoriété et leur niveau de développement, un atout face aux commerces de proximité.
Une évolution de la relation entre salariés et employeurs
La Loi de modernisation de l’économie, en assouplissant les conditions d’implantation de commerces de moins de 1.000 mètres carrés, devrait notamment permettre un renforcement du maillage du territoire par les maxi-discompteurs (Lidl, Aldi…), des établissements où le personnel est le plus souvent polyvalent. Les titulaires de Bac + 2 sont particulièrement recherchés au sein de la branche : « ils débutent comme vendeurs sur des produits spécifiques. Ils évoluent ensuite comme seconds de rayon puis managers de rayon, chefs de secteur, directeurs d’hypermarché, voire cadres dirigeants de l’entreprise », explique à Hobsons Edwige Delattre, responsable du recrutement national chez Auchan. Le groupe nordiste, faute de véritables perspectives dans les hypermarchés, table sur le développement de ses supermarchés.
Ces perspectives de promotion interne rapide tendent toutefois à se raréfier. Carrefour a intégré cette évolution ainsi que les nouvelles attentes des candidats en matière d’articulation entre vie professionnelle et vie privée, et tente aujourd’hui de restaurer son image en tant qu’employeur à travers un nouveau « deal » : l’enseigne est passée d’une logique d’une forte implication personnelle liée à une possibilité d’évolution de carrière rapide à un système où la progression interne plus lente est compensée par un meilleur respect de la vie privée et sociale des salariés. Un changement notamment rendu nécessaire par la faible attractivité du secteur, jugé difficile.