La faible appétence des Français pour les élections européennes masque un intérêt marqué pour des questions liées à l’échelon supranational.
Désintérêt marqué pour l’Europe, échéances électorales trop rapprochées ou difficultés de lisibilité des listes présentes (193 listes au total) ? Les raisons du manque d’appétence des Français pour les élections européennes, qui se tiennent dimanche 25 mai, sont sans doute multiples.
Signe des difficultés éprouvées par les partis politiques à mobiliser, y compris au sein de leurs rangs, « près du tiers des personnes sondées estiment que leur choix peut encore changer », rappelle BVA à la suite d’un sondage publié ce lundi*. Seules les listes du Front National, de l’UMP et du Parti socialiste/Parti radical de gauche se distinguent franchement dans les intentions de vote. De nombreux petits partis qui espèrent accroître leur visibilité à l’occasion de ce scrutin au sein duquel les frais de campagne sont remboursés à partir de 3 % des suffrages (contre 5 % aux autres élections) stagnent entre 1 % et 2 % des intentions de vote.
Un manque de connaissances sur l’Europe…
« Les connaissances des citoyens dans ce domaine sont souvent très faibles », rappelle pour sa part CSA dans une note. La faute, selon l’institut, à une faible médiatisation liée à une attention essentiellement portée au système politique national. « Le contexte d’une crise économique qui continue de déployer ses effets pourrait favoriser un vote sanction contre le pouvoir exécutif national », complètent les auteurs de la note, Marek Kubista et Christophe Piar. Les élections européennes, scrutin intermédiaire, apparaissent comme une nouvelle occasion potentielle pour des citoyens déçus par la majorité actuelle d’exprimer leur mécontentement… Un scénario qui s’est vérifié lors des dernières élections municipales.
… mais des sujets qui préoccupent
Malgré ce manque d’intérêt, les sujets d’inquiétude liés à l’Europe ne manquent pas. 24 % des Français interrogés par Ipsos** indiquent ainsi que la crise dans la zone euro et le chômage constituent les questions qui leurs paraissent être les plus importantes pour l’Europe aujourd’hui, tandis que le pouvoir d’achat et les retraites sont des enjeux-clefs pour eux-mêmes. Toutefois, 46 % des sondés affirment « se sentir plus français qu’européens ». Pour la majorité du panel, l’Union européenne ne protège pas assez ses intérêts économiques et commerciaux. L’euro apparait néanmoins être « une bonne chose ».
La thématique de la protection des intérêts économiques européens a par ailleurs fait l’objet d’une plus forte exposition médiatique au cours de ces dernières semaines, en raison des élections. Si les Français approuvent majoritairement l’idée d’un traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis, ceux-ci craignent néanmoins que celui-ci soit déséquilibré au profit des américains, selon un sondage réalisé par CSA pour L’Humanité***. L’éventuelle commercialisation de produits alimentaires non conformes aux normes européennes, un des plus forts sujets de crispation, est notamment mise en exergue par plusieurs candidats de gauche. Affaire à suivre… dès ce dimanche.
* Enquête réalisée le 15 et le 16 mai par Internet, auprès d’un échantillon de 1045 personnes inscrites sur les listes électorales, âgées de 18 ans et plus.
**Enquête réalisée le 16 et le 17 mai par Internet, selon la méthode des quotas, auprès d’un échantillon de 1 007 personnes âgées de 18 ans et plus, inscrites sur les listes électorales.
*** Enquête réalisée le 14 et le 15 mai par Internet auprès d’un échantillon de 1010 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas.