Le Brésil, qui bénéficiait jusqu’alors de la croissance de la consommation intérieure et des exportations, doit faire évoluer son modèle et simplifier la vie des entreprises.
A six mois de la Coupe du monde de football, le Brésil est (déjà) sous pression. Le gouvernement compte sur l’événement pour retrouver un peu d’optimisme en matière d’économie. La croissance du produit intérieur brut (PIB) est estimée par Rabobank entre 2 % et 2,5 % pour 2013, un fort rebond après le trou d’air de 2012 (0,5 %) mais un niveau toujours bas par rapport à la progression moyenne de 4,5 % enregistrée entre 2004 et 2010. « Il est peu probable que les facteurs qui ont stimulé la croissance au cours de la décennie précédente soient ceux qui stimuleront la croissance dans les années à venir », expliquent les analystes de la banque néerlandaise.
La croissance de la consommation intérieure et des exportations ont, au cours des dix dernières années, bénéficié à l’économie brésilienne. Le relèvement du salaire minimum, à partir de 2003 avec Lula, a contribué à dynamiser l’économie, tout comme l’accroissement des dépenses sociales. Les conditions d’accès au crédit se sont améliorées, et le chômage est passé de 12,3 % en 2003 à 5,5 % en 2012. Pour Rabobank, ces facteurs ne sont plus de mise. Les taux d’intérêt demeurent élevés (27,4 % en moyenne sur les prêts à la consommation en 2012) et des problèmes d’approvisionnement en marchandises se posent.
La machine à exporter semble, elle aussi, grippée. « Il semble irréaliste de supposer croissance de la demande en produits de base sera aussi vigoureux qu’au cours de la dernière décennie », estime la banque. Le Brésil figure parmi les premiers producteurs de matières premières, qu’il s’agisse de certains métaux ou de produits agricoles. La chute du prix du minerai de fer, qui a perdu 27 % entre février 2011 et août 2013, affecte la balance commerciale du pays. Et pour cause : il s’agit du premier produit exporté par le Brésil. Le ralentissement de la croissance chinoise menace également les exportations. De plus, les prix de nombreuses matières premières agricoles ont reculé au cours de l’année écoulée.
Le quotidien des entreprises doit être simplifié
Pour les économistes de Rabobank, le Brésil doit accroître l’investissement et améliorer la productivité. Par ailleurs, des tensions sur la main-d’œuvre naissent : de nombreux employeurs potentiels se plaignent de ne pas pouvoir recruter les profils qu’ils recherchent. La banque néerlandaise suggère de repousser l’âge de départ à la retraite, et ce d’autant plus que la croissance de la population en âge de travailler devrait ralentir à partir de 2020. L’augmentation des salaires a par ailleurs conduit à une dégradation de la compétitivité des entreprises brésiliennes. Le manque d’infrastructures de transport pénalise également les entreprises.
Pour favoriser l’investissement, le Brésil pourrait notamment simplifier son système fiscal. Le pays est classé par la Banque Mondiale parmi ceux où il est le plus difficile de payer ses impôts, en pointant au 159ème rang sur un total de 189 pays. Quatre types de taxes sur la valeur ajoutée existent. Des mesures de modernisation du système ont été prises, mais le taux d’imposition reste élevé. D’après la Banque Mondiale, la facture fiscale totale des entreprises équivaut à 69,3% des bénéfices, contre 43 % dans l’ensemble de la zone OCDE.