La numérisation des informations de chaque patient, qui peut générer des économies, se heurte à l’atomisation de la filière.
A la croisée de la prévention et des nouvelles technologies, l’e-santé constitue, selon l’agence Paris-Ile de France Capitale Economique, un facteur d’attractivité qui pourrait permettre à la région parisienne de développer une spécialisation supplémentaire. L’étude d’exemples étrangers, réalisée avec PwC, permet de bénéficier de retours d’expériences sur les difficultés de mise en place et les atouts de la « santé à distance ».
Les tensions sur le financement des régimes de protection sociale, le vieillissement de la population (d’après l’Organisation mondiale de la santé, la population âgée de 60 ans et plus a doublé depuis 1980), et le développement des nouvelles technologies contribuent à l’émergence de réflexions sur les possibilités d’interagir à distance en matière de santé. Le chiffre d’affaires mondial du marché de la santé à distance s’est élevé, en 2011, à 11,6 milliards d’euros selon une étude de la Commission européenne.
La numérisation des dossiers médicaux, testée avec succès
L’Espagne a délégué aux régions la gestion de son santé en 2000. En Andalousie, un système informatique a permis d’accélérer la transition numérique du secteur de la santé. Baptisé Diraya, le nom arabe de « connaissance », il répertorie les données de chaque patient, ainsi accessibles à l’ensemble des professionnels concernés. Les ordonnances sont directement communiquées aux pharmacies : entre 2001 et 2008, la prescription électronique de médicaments génériques a permis d’économiser 253,3 millions d’euros.
Au Canada, chaque région a adapté sa propre stratégie, avec pour point commun l’instauration d’un système de dossiers médicaux électroniques. En Alberta, 86 % des médecins inscrits au programme indiquent pouvoir suivre plus facilement les maladies chroniques de leurs patients. Dans cette région, 74 % des médecins adhèrent au programme, contre seulement 26 % au Nouveau-Brunswick, signe de disparités quant à son déploiement. En France, 210 millions d’euros ont été investis entre 2004 et 2012 dans un projet similaire, sans succès. Les inscriptions, facultatives, sont toujours accessibles.
Une trop grande centralisation peut peser sur la mise en œuvre des projets
En Grande-Bretagne, le programme English National Program for IT, qui visait notamment trois millions de personnes atteintes de maladies chroniques, a été abandonné en 2010 après cinq ans de déploiement infructueux. Les retards et les surcoûts dans la mise en place d’outils de communication inter-établissements ont eu raison du projet, remplacé depuis par une politique de partenariats industriels. Seul véritable succès, la numérisation de la filière radiologie, qui permet d’accéder rapidement aux clichés.
La coordination des différents acteurs, tout en laissant à ceux-ci une certaine marge de manœuvre, l’intégration des dispositifs dans le parcours de santé des patients et l’incitation financière des industriels représentent donc des pistes à suivre pour développer l’e-santé. Plusieurs projets sont déjà en marche en Ile-de-France, sans pour autant être coordonnés. A l’échelle nationale, le cadre juridique et financier se stabilise, mais demeure peu lisible.