Que ce soit par passion ou pour booster l’ambiance de leurs établissements, ces bartenders prennent autant de plaisir à mixer qu’à réaliser des cocktails.
Qui n’a jamais érupté contre l’ambiance musicale d’un bar ? Nombreux sont les bartenders, par passion ou après avoir appréhendé l’ensemble des composantes de l’atmosphère de leur établissement, qui se sont mis à passer derrière les platines.
“Psychologiquement, en voyant le DJ, il y a une notion de qualité : embaucher quelqu’un est un gage d’attention. Cela montre que le patron est attentif à l’état d’esprit sur lequel il souhaite positionner son bar”, souligne Benjamin de la Lézardière, spécialisé dans l’événementiel autour de la mixologie (le Cocktail de Mr Moustache) et précédemment DJ.
“A la base, ce n’était pas dans mes projets ! Un soir, j’ai dû me débrouiller pour assurer une prestation alors que le DJ n’était pas venu. Cela a été un fiasco. Je ne voulais pas revivre une telle déception”, indique pour sa part Christopher Gaglione. Propriétaire du Solera, un bar à cocktails du 5ème arrondissement de Paris, il a suivi il y a trois ans le cursus d’une école spécialisée, DJ Network, pour découvrir les subtilités du métier, pouvoir animer une soirée et mieux travailler avec les professionnels.
“Ce métier est une passion”
A la tête des bars Danico (à Paris), Mace (New York) et Kaido (Miami), Nico de Soto partage quant à lui de manière très régulière ses sessions avec ses followers sur les réseaux sociaux. Durant le confinement, il a également orchestré des sessions pour le gin Citadelle et le rhum Plantation. “Je mixe depuis quelques années. J’ai toujours été dans la musique électronique depuis que je suis tout jeune. Il y a quelques années, je me suis acheté un controller de base, puis du matériel de boîte de nuit. Je progresse tous les jours”, indique-t-il.
“Je me suis pris de passion de ce métier, comme le bar. Il y a un moment où on a besoin de sortir du bar, cela peut passer par la musique. On parle de matériels, d’analyses de son… avec les DJ. Il s’agit d’un vrai travail”, ajoute Christopher Gaglione. Lors de sa formation, très stricte (avec une attention portée à la présence des élèves et à leur progression), il a appris l’art de rechercher des sons et de maîtriser leur enchaînement, en s’adaptant à l’esprit d’un lieu – il est également possible de recourir à des sounds designers.
Des identités musicales à travailler
Formation, équipement, intérêt pour le métier… Encore faut-il passer à la pratique. “Quand tu mixes devant un bon public, c’est bien de préparer avant. En général, je passe une journée à sélectionner les morceaux, puis je passe à leur enchaînement, et je complète la playlist. C’est comme Tétris !”, explique Nico de Soto.
Au Solera, l’identité musicale se veut très soul, suivie de titres groovy jusqu’à 22 heures environ. Ensuite, davantage d’ambiance (avec de la musique latina, afro-beat, afro-pop, reggae…) est recherchée. Lors des soirées pré-réservées, les titres des années 1980 et 1990 sont particulièrement recherchés. “On fait un peu de deep, mais il faut faire attention à ne pas aller trop loin”, précise Christopher Gaglione.
“Je viens de la house. Aujourd’hui, quand je mixe, j’aime bien partir dans tous les sens : passer du gros hip-hop US à une bonne vieille Valse à mille temps de Jacques Brel, par exemple. C’est bien de caler des chansons françaises : quand les gens sont bourrés, ils dansent et chantent. Si tu diffuses de la musique house en anglais, ils ne peuvent que danser”, explique pour sa part Benjamin de la Lézardière, qui ne cache pas son envie de reprendre son rôle : “dès que j’en ai l’occasion, je le refais !”