Les réseaux informatiques des entreprises doivent devenir des digital workplaces, orientées sur les usages de la génération Y, estime Jamal Labed, co-fondateur et directeur des opérations d’EasyVista, éditeur français de logiciels dans le domaine du service management.
TRIBUNE. « Rien n’est permanent, sauf le changement. » Cet aphorisme d’Héraclite, qui peut être complété par un autre de Machiavel : « Un changement en prépare un autre », définit parfaitement la difficulté à laquelle sont confrontées les entreprises et particulièrement leur département informatique. Pour se développer sur des marchés désormais mondialisés et donc hyperconcurrentiels, les entreprises doivent se différentier en innovant. Il n’existe pas d’alternative ; l’exemple de Kodak symbolise cette nécessité.
Les directeurs informatiques en sont bien sûr conscients. Tout l’enjeu pour eux aujourd’hui consiste à équilibrer innovation et excellente opérationnelle. Voire à les combiner. La nouvelle génération d’outils numériques est d’une aide précieuse : big data, réseaux sociaux, cloud, mobilité, Internet des Objets, etc. recèlent un potentiel d’innovation quasiment illimité pour donner naissance à un monde de services hyper-personnalisés et instantanés.
Le directeur informatique, jadis producteur d’application et gestionnaire d’infrastructures techniques, tirant parti de ressources exclusivement internes, se transforme peu à peu en orchestrateur de services – le « Chief Service Provider ». Au rythme actuel de l’innovation, il est devenu impensable de développer ses propres applications et sa propre infrastructure. Le recours aux compétences internes est de plus en plus coûteux, le mode projet agile induisant une flexibilité peu compatible avec des modèles d’emploi du 20ème siècle.
Personnaliser l’accès aux services informatiques
Parallèlement, l’utilisateur des services informatiques de l’entreprise, habitué à la convivialité des applications grand public qu’il utilise dans sa vie privée, devient plus exigeant vis-à-vis de son environnement professionnel. C’est le phénomène de la consumérisation de l’informatique. Aujourd’hui, ces 15-34 ans sont près de 16 millions en France, selon l’Insee, soit un quart de la population française. S’ils représentent aujourd’hui 1/3 des actifs, ils constitueront la moitié de la population active d’ici 2020.
Lui qui utilise son smartphone pour repérer le café le plus proche, obtenir l’itinéraire détaillé, voire réaliser une précommande avant de passer à d’autres activités personnelles, ne pourrait-il pas l’utiliser pour trouver l’emplacement d’une salle de réunion, la réserver, s’assurer qu’elle dispose d’un projecteur, inviter les participants, télécharger l’agenda, partager des ressources avant la réunion, mettre en place un sondage rapide pour obtenir des retours… avant de passer à leurs autres activités professionnelles ?
Le rôle du DSI évolue sous l’impulsion du numérique. Sa mission est de fournir des services aux métiers, tout en garantissant leurs performances. La mise en place d’une « Digital Workplace » représente ainsi la première étape d’une stratégie de transformation digitale. Unifiant les technologies nécessaires à la productivité des collaborateurs – e-mail, réseaux sociaux, RH, intranet, collaboration, etc. – la Digital Workplace transforme l’expérience du collaborateur, tout en facilitant la gouvernance du système d’information. A l’instar des stratégies marketing centrées sur le client, une Digital Workplace offre non seulement une interface moderne facilitant le travail du collaborateur, mais tire de plus parti de la notion de « parcours collaborateur », plus fluide, simple et rapide.
Jamal Labed, co-fondateur et directeur des opérations d’EasyVista
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