Le directeur financier et le directeur opérationnel de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers s’apprêtent à quitter leur poste. Leur départ fait suite à l’annonce en début de semaine d’une perte de 2,8 milliards de dollars au deuxième trimestre et d’une augmentation de capital de 6 milliards de dollars. La quatrième banque de Wall Street voit son titre chahuté en Bourse, chutant de près de 10% mardi dernier.
La perte enregistrée par Lehman Brothers est supérieure à ce qu’attendaient les analystes spécialistes de cette entreprise, rapportent Les Echos. L’agence de notation Moody’s s’inquiète de la gestion du risque et de la dette de l’établissement bancaire, tandis que Standard&Poor’s a abaissé la semaine dernière sa note sur le titre Lehman Brothers. La banque d’affaires fait partie de celles figurant parmi les plus exposées aux produits de crédit les plus délicats, mis en lumière par la crise des subprimes initiée il y a un an.
Parallèlement à cette affaire, le groupe de crédit immobilier américain Thornburg Mortgage, déjà passé près de la faillite, a fait part de nouvelles pertes de 3,31 milliards de dollars au premier trimestre. Ce spécialiste des prêts hypothécaires avait déjà perdu 6,6 milliards de dollars lors des trois trimestres précédents. Thornburg traverse donc une mauvaise passe, et avait déjà dû lever en mars 1,35 milliard de dollars en obligations à au très haut taux d’intérêt de 18%.
« La crise du crédit et des marchés financiers est en bonne partie résolue, cependant la situation économique difficile, particulièrement aux Etats-Unis, reste un souci constant. Après les dépréciations d’actifs prises en compte, les augmentations de capital réalisées, et certains actifs sortis des bilans, la tourmente financière est très significativement derrière nous », explique le PDG de JP Morgan Chase Jamie Dimon dans un entretien à paraître ce vendredi dans La Tribune. Une opinion qui va significativement à l’encontre de celle exprimée la semaine dernière par le prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz, selon lequel « la crise des subprimes n’est pas terminée. Dans de nombreux cas aux Etats Unis, la valeur de l’emprunt immobilier dépasse celle de la maison ».
Quant à l’exposition des assureurs américains aux risques liés aux crédits immobiliers de type subprime, Standard&Poor’s se veut plutôt rassurante. « Nous continuons à considérer comme gérable l’exposition des assureurs aux risques liés aux crédits immobiliers à risque américains, ce qui reflète la diversification opérationnelle de ces sociétés, leur forte ou très forte capitalisation boursière », indique l’agence de notation.