Alors que les actions de protestation enflent face aux conséquences d’un pétrole et de produits raffinés chers, force est de constater que les marchés suivent la tendance inverse: le prix du baril de brut a chuté de 10% en deux semaines, mettant temporairement fin à une situation d’escalade qui semblait inexorable.
Les investisseurs semblent s’assagir et réagir de manière plus tempérée aux informations qui se succèdent au long des séances. Selon le département américain de l’Energie, les réserves de brut ont baissé la semaine dernière de 4,8 millions de barils. Ces derniers mois, cette donnée était apparue comme très importante aux yeux des investisseurs – voir nos archives. D’autres statistiques semblent davantage intéresser les marchés, au premier rang desquelles les réserves d’essence et les stocks de produits distillés, qui enregistrent des progressions supérieures au consensus.
Le choc infligé par la hausse de la demande sur les réserves disponibles apparait comme atténué par le fait que les Américains ont réduit leur consommation de 1,1% sur un an. Une donnée qui s’ajoute à une information dont nous vous faisions part il y a quelques jours: les Etats-Unis réduisent leur propension à consommer du pétrole. Pour la première fois depuis 1970, les importations de pétrole y ont reculé. Au premier trimestre, la part de pétrole extérieur dans la consommation américaine est passée de 58,2% à 57,9% sur la même période un an auparavant.
Si les cours du pétrole « restent cinq ou six dollars plus bas que ce qu’ils étaient il y a quelques jours, les prix à la pompe vont baisser« , expliquait hier Jean-Louis Schilansky, secrétaire général de l’Union française des industries pétrolières. Il était interrogé sur RMC. « Ce ne sont pas les spéculateurs qui font monter ou descendre le prix du pétrole et des carburants. C’est l’état du marché, c’est cette demande qui a augmenté et l’offre qui a du mal à suivre. Les prix du brut baissent. Ils baissent parce qu’on commence à avoir un fléchissement de la demande« , a ajouté Jean-Louis Schilansky.
Cette récente baisse des cours n’empêche cependant pas d’être pessimiste sur le long terme. C’est le cas du président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, qui a expliqué « qu’hier, comme aujourd’hui nous connaissions un choc sévère sur les prix pétroliers, une forte hausse des prix de l’alimentation et d’autres matières premières, et une croissance faible« . Au vu des dernières prévisions de l’OCDE, les Etats-Unis ne sont visiblement pas les seuls à être concernés par cette phrase.