Fondé en 1993, l’Atelier Pascalie est une agence de design (27 personnes) spécialisée dans la beauté, qui a notamment travaillé pour Armani, Louboutin, Lancôme, Zadig & Voltaire ou bien encore Garnier, Maybelline & L’Oréal Paris. Son président, Olivier Pascalie, designer de formation, décrypte les enjeux du secteur.
Quelles sont les spécificités du secteur de la beauté en matière de design?
On travaille pour des marques mondiales, avec des attentes différentes selon les marchés et les consommatrices, et une véritable pertinence en termes de styles. Les codes sont plus connectés aux tendances, il y a de véritables challenges créatifs. Nous devons à la fois être à la pointe des courants stylistiques, et également de comprendre l’ADN des marques, en se glissant dans la peau du créateur.Lorsqu’on a travaillé pour Christian Louboutin, il nous a fallu comprendre le feeling de cette marque. On s’occupe aussi de grandes marques, comme L’Oreal Paris ou Maybelline, qui doivent s’inventer un futur. Les grandes marques tremblent sur leurs bases, car elles sont attaquées par de nouvelles marques de niche.
Quelles sont les caractéristiques incontournables des packagings dans le secteur?
Lorsque l’on fait du mass market, les produits sont vendus seuls, sur des étagères : il va falloir chercher à émerger. La visibilité en linéaires n’est pas forcément le fruit du packaging le plus criard. Il faut rester dans une forme d’élégance tout en restant identifiables. Aujourd’hui, les codes sont un peu figés avec des marques mondiales – regardez un linéaire de café ! A l’agence, nous prenons le risque de casser les codes.
Comment les objets et les emballages peuvent-ils traduire l’image des marques?
Il faut bien connaitre la concurrence pour pouvoir comprendre où en est le marché. Je travaille énormément à l’intuition, les marques ont souvent un ADN très marqué et il faut déterminer les « ficelles » sur lesquelles on doit tirer pour qu’elles soient légitimes. Si les marques viennent nous voir, elles veulent bouger un peu les codes. Les recommandations sont testées, mais il ne faut pas forcément servir aux clients ce qu’ils attendent.
L’enjeu environnemental est également fort en matière d’emballages.
Sur les shampooings ou la matiere plastique en général, on réduit les poids matière : j’ai une obsession écologique, mais il y a des logiques industrielles à respecter. Il y a des gens qui veulent récupérer les tendances « green», mais il faut savoir être cohérent, et pas seulement à court terme. Je sensibilise des marques importantes. Si une marque souhaite rester luxueuse, elle doit devancer les avances des consommateurs. Le nouveau Chanel, Gabrielle, est ainsi travaillé en verre ultra mince. Bravo à leurs designers ! Les formulations des produits ont, quant à elles, également progressé en matière de respect de l’environnement.