Demory Paris rappelle sa volonté d’incarner la bière de la capitale. La brasserie artisanale a confié sa distribution à House of Beer, et va faire évoluer son offre. Kai Lorch, cofondateur, nous en dit plus.
House of Beer prend en charge la distribution de Demory Paris. La filiale de distribution craft beers du groupe Carlsberg souhaitait ajouter des bières parisiennes à son portefeuille – c’est chose faite avec la dizaine de références de la brasserie, installée depuis 2016 à Bobigny (Seine-Saint-Denis). La marque, relancée en 2009 par Kai Lorch, cofondateur, et son équipe emploie aujourd’hui dix personnes sur son site de production, compte deux bars parisiens, et s’adapte à un marché de la bière en pleine ébullition.
« Nous avons eu un rêve, celui de créer une brasserie parisienne. Nous y tenons et nous souhaitons rester indépendants. Nous avons créé Demory pour avoir notre propre brasserie. Dans un univers toujours plus concurrentiel, nous avons été approchés à de multiples reprises, et nous avons rencontré un partenaire qui nous permet de nous développer comme nous l’entendons, en prenant en charge la logistique et la partie commerciale pour nous concentrer sur notre métier de brasseur et incarner la bière de Paris », précise Kai Lorch, qui rappelle que l’entreprise prend elle-même en charge son financement.
Une bière blonde et une IPA sans alcool comme nouveaux points forts
Jusqu’alors, l’équipe assurait elle-même 95% de ses ventes, avec deux camions. Demory Paris, dont la capacité actuelle de production est de 7000 hectolitres par an, réalise trois-quarts de ses volumes en fûts et un quart en bouteilles. A l’avenir, la répartition devrait être de deux-tiers en fûts et d’un tiers en bouteilles. La gamme évoluera en 2020-2021. Pour l’heure, la brasserie multiplie les collaborations, et s’apprête à lancer une New England IPA. La Paris IPA, l’Intrepide (l’autre India Pale Ale du portefeuille) et la Roquette Blanche font partie des best-sellers.
Demory Paris mise aussi sur la Paris Ale pour conquérir les cafés-hôtels-restaurants. « Tout le monde a besoin d’une bière blonde. Nous proposons une bière non filtrée, très douce et ronde », décrit Kai Lorch. A l’été 2019, une IPA sans alcool a été lancée en partenariat avec la brasserie allemande Freigeist. « La bière sans alcool va décoller en France. Toutefois, les coûts de production sont élevés, cela exige davantage de manutention. Une micro-brasserie peut éprouver des difficultés à s’y lancer. Nous avons choisi, pour corser le challenge, de faire une bière peu alcoolisée », explique Kai Lorch.
Un marché parisien de la bière qui rattrape son retard
En dix ans, Demory Paris a bénéficié d’un point de vue unique sur l’explosion du marché de la bière. « Nous avons la chance d’avoir tenu !, lance Kai Lorch. En 2009, les gens commençaient seulement à s’intéresser à la catégorie. Il y avait quelques lieux spécialisés, et rarement plus de cinq becs dans les bars. Lorsque nous trouvions un nouveau client, c’était inespéré ! A partir de 2012, il y a eu une accélération dans le secteur, par exemple avec la création de la Brasserie de la Goutte d’or. »
Demory a respectivement ouvert ses bars en 2012 dans le 1er arrondissement de Paris, et en 2017 dans le 9ème arrondissement. « De nombreux établissements pourraient davantage s’intéresser à l’offre locale, où très souvent ils trouveraient des bières moins chères et aussi bonnes. Cela ferait du bien à tout le monde : les brasseries locales, l’environnement, les clients et aussi les bars ! », suggère Kai Lorch. Il observe que la scène bière parisienne, longtemps en retard par rapport à d’autres métropoles, « a sauté des étapes à toute vitesse : par exemple, d’un coup, tout le monde a souhaité mettre à sa carte une IPA, et maintenant on recherche des déclinaisons. » Les bières juicy font partie des nouvelles tendances. A Londres, la moitié des becs sont souvent dédiés à des marques locales, rappelle-t-il.
Prochainement, Demory Paris compte accroître les capacités de sa brasserie. Preuve de son ancrage local, le service des espaces verts de la ville de Pantin récupère une partie des drêches, les résidus de brassage.
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