Des habitats conçus pour être instagramés, des codes de la pop culture qui transcendent la frontière entre le retail et les maisons… Retour sur les tendances fortes de Maison & Objet.
« Les consommateurs imaginent des saynètes, ils imaginent des mises en scène taillées pour Instagram, ils multiplient les rangements dans les boîtes… L’hôtellerie, la restauration et le retail tendent à importer les codes de la maison, tandis que les habitats s’inspirent des boutiques. Le site The full room propose ainsi des reportages éditorialisés dans des appartements, et propose ensuite d’acheter les différents produits. Cette notion d’éditorialisation envahit également le commerce avec des mises en scène différentes selon les quartiers et, pour la scénographie, un appui très fort sur le cadrage, essentiel sur les réseaux sociaux. En Asie, on observe même du merchandising prêt à être instagramé », observe Vincent Grégoire, du cabinet de tendances Nelly Rodi. Il a conçu « Showroom », l’espace de tendances proposé lors de l’édition de janvier de Maison & Objet.
Le salon professionnel dédié au design, au cadre de vie et au mobilier a reçu fin janvier à Villepinte 89.495 visiteurs (+4% en un an). Sa directrice marketing, Caroline Biros, confirme ce lien étroit entre nos habitudes d’ameublement et celles du circuit cafés-hôtels-restaurants : « il y a dix ans, Maison & Objet s’adressait principalement aux distributeurs ou aux décorateurs, tandis qu’aujourd’hui, nous comptons davantage de prescripteurs – 40% de notre visitorat. Les acteurs du CHR doivent fréquemment renouveler leur décoration. » Elle constate également la mise en scène accrue dans nos intérieurs : « il y a une hyper-théâtralisation de la décoration. On prend en photos, on juxtapose, on a une vaisselle dépareillée… Nous sommes tous devenus de mini-directeurs artistiques de nos vies. »
Des intérieurs pop
L’entreprise italienne Seletti – habituée à l’excentricité (photo) – a ainsi imaginé un canapé en forme de hot-dog, une gamme pour habiller nos toilettes (Charly, avec un distributeur de papier, une brosse et un miroir, avec des matériaux résine et métal), ainsi qu’un système de rangement d’inspiration militaire… entièrement fait de boîtes.
Moins excentriques, les chaises Nicolle, conçues en France depuis 1933, ont repris leur fabrication en direct en 2009 et savent jouer des codes du design grâce à leur assise interchangeable – une gamme multicolore qui équipe notamment des tabourets ronds, d’apparence classique, mais qui ont été remis au goût du jour grâce au concept-store parisien Merci, prescripteur de tendances.
Une icône pop
L’entreprise du patrimoine vivant Leblon Delienne a, elle, choisi de fêter les 90 ans de Mickey. La plus célèbre des souris a été prise en charge par ce fabricant de statuettes en résine pour concevoir une gamme dédiée à l’aide de plusieurs designers. Une imposante figurine en taille réelle (limitée à 1928 exemplaires, comme l’année de naissance de Mickey), haute de 1,40 mètre, est ainsi disponible en neuf coloris (6000 euros), parallèlement à de petits modèles plus abordables (50 euros).
Des produits pop pour les restaurateurs
Dans un tout autre univers, cet univers pop se retrouve dans nos cuisines avec les gobelets incassables de l’entreprise allemande Koziol, conçus depuis 90 ans en Allemagne, en plastique et « quatre fois plus isolants que le verre ». Cette gamme Superglss était initialement dédiée au circuit CHR. Un univers que n’ignore pas une autre entreprise d’outre-Rhin, Robbe & Berking, dont le mini-bar installé dans un van donne instantanément l’envie de prendre la route… avec prudence, bien entendu.