« Samedi 19 janvier, nous avons découvert une très grosse fraude interne, commise par un collaborateur isolé de la division de banque de financement et d’investissement.
Les transactions en cause étaient simples – une position à la hausse des marchés actions – mais dissimulées par des techniques extrêmement sophistiquées et variées.
J’ai pris la décision de déboucler la position de toute urgence, pour éviter des conséquences encore plus graves, compte-tenu de sa taille.
La perte totale subie est considérable. Elle a été amplifiée par les conditions de marché exécrables de début de semaine.
Les quelques interstices dans nos procédures à travers desquels le fraudeur a pu se glisser ont été identifiés et comblés.
Celui-ci a été immédiatement mis à pied. Une plainte a été déposée à son encontre.
Les cadres, y compris les cadres dirigeants, responsables de la supervision et des contrôles des opérations concernées, quittent leurs fonctions »
Extrait de la lettre aux actionnaires publiée aujourd’hui
Pas de responsabilité dans la chute des Bourses
Daniel Bouton, président de la Société Générale, a accordé un entretien au Figaro à paraître ce samedi. Il s’explique suite à la fraude découverte samedi dernier. Selon l’établissement bancaire, un jeune trader de 31 ans, Jérôme Kerviel, aurait pris des positions anormalement élevées sur trois indices européens, avec l’aide de contrats de « futures », des produits dérivés qui permettent d’anticiper l’évolution à terme de différents produits financiers. Des couvertures fictives et son expérience lui ont permis d’échapper aux controles; il avait passé trois ans dans les fonctions de support, d’où sa connaissance approfondie des mécanismes internes.
« Ce qui est arrivé à la Société générale n’a rien à voir avec une catastrophe qui aurait été le fait de notre stratégie, telle qu’elle a toujours été approuvée par le conseil d’administration. Cela n’est pas non plus le fruit d’une appréciation totalement fausse de nos risques. Cela s’apparente à un incendie volontaire, qui aurait détruit une grosse usine d’un groupe industriel« , se dédouane Daniel Bouton. Interrogé sur le fait que d’avoir vendu lundi les options prises par le trader aurait contribué à l’effondrement des places boursières lundi (voir notre article), il indique que « ce sont les Bourses asiatiques qui ont donné le «la» de la journée de lundi. Chacun pourra calculer notre contribution dans le marché de ces derniers jours. En l’occurrence, nous en avons absolument respecté l’intégrité en demeurant dans la norme admise qui veut qu’un établissement ne peut à lui seul intervenir sur plus de 10 % d’un marché donné. J’ajoute que les options en cause ne portaient pas sur le CAC 40″.
Concernant la pérennité de l’entreprise, Daniel Bouton rappelle que « les agences de notation, dont le rôle est d’apprécier la solidité des établissements financiers, n’ont dégradé la banque que d’un cran, avec une perspective stable. Ce qui signifie que nous sommes notés de la même façon qu’il y a deux ans seulement« . « Le 11 février prochain, nous prendrons le contrôle du deuxième réseau de banque de détail russe, Rosbank« , indique-t-il.