« Nous sommes entrés dans un monde totalement différent où les crises se déclenchent plus vite, sont plus fréquentes et souvent plus sérieuses« , déclare ce vendredi aux Echos le prix Nobel d’Economie (2001) Michael Spence. Il revient sur la conjonction de trois crises – financière, énergétique et alimentaire.
Interrogé sur les travaux de la commission indépendante sur la croissance et le développement qu’il a présidé durant deux ans, Michael Spence souligne à « quel point les experts de la croissance et du développement ont plus de sujets de division que de terrains d’entente ». L’économiste insiste sur la nécessité de ne pas découpler les problèmes macro et micro-économiques, et sur l’intérêt d’analyser la situation d’un pays à un moment donné afin de définir des priorités. Si ces approches semblent couler de source, il apparaît nécessaire de le rappeler. Afin de développer la croissance d’un pays, « le bon modèle, c’est celui du FMI et de la Banque mondiale : pour donner des recommandations efficaces, au-delà des principes généraux, il faut connaître le contexte et les spécificités du pays ou de la région auquel on s’adresse ».
Enfin, dans un contexte d’envolée des cours du pétrole et d’interactions entre les Etats, « on va assister à une énorme réduction de la demande. Même aux Etats-Unis, on finira par acheter des petites voitures, par prendre le métro. Mais cela ne suffira pas à résoudre le problème. L’économie globale va devenir de plus en plus risquée. Il va falloir trouver des stratégies et des politiques dans les pays développés et en développement pour répondre à ces risques ». Michael Spence pose donc la question d’une nouvelle gouvernance mondiale.