Le scénario de la crise se dessine aux yeux des acteurs des milieux financiers et politiques. Fin 2006, sont apparues les premières difficultés d’établissements spécialisés dans la distribution de crédits immobiliers à risque, les « subprime mortgage », destinés aux personnes à faible revenu. Après l’éclatement de la bulle Internet en 2000, la Fed a ramené par étape son taux d’intérêt directeur jusqu’à 1% en 2004, permettant à ces individus d’accéder plus facilement à la propriété, d’autant plus que les conditions de crédit s’étaient relâchées dans ces établissements. Les foyers ayant contracté des prêts à risques, dits « subprimes », sont très sensibles aux variations des taux, car ils appartiennent à la frange de la population percevant le moins de revenus et la plus endettée. La remontée des taux de quatre points étrangle ces ménages, ce qui amène à une explosion du nombre de défauts de paiement. Plusieurs banques spécialisées dans ce type de crédit sont conduites au dépôt de bilan. La crise se propage à la sphère financière mondiale, car ces établissements prêteurs avaient transformé leurs créances en obligations vendues à des invetsisseurs du monde entier. BNP Paribas, après s’être affirmé se situer en-dehors de cette crise, a annoncé le 9 août dernier le gel de trois sicav (société d’investissement à capital variable) qui avaient massivement investi dans les « subprime ». La chaîne des refinancements interbancaires est ébranlée, et l’ampleur de la crise est incertaine. Les prises de bénéfices se multiplient, aboutissant à une correction boursière. Quatre banques centrales (voir l’édition du 16 août) sont intervenues, sans pour autant rétablir la confiance. De nombreux investisseurs rapatrient les capitaux investis dans les pays émergents. « Les marchés les plus touchés sont ceux d’Europe centrale », indique aux « Echos » Robert Davy, gérant de fonds sur les marchés émergents pour Schroders.
Les récents résultats financiers publiés par les entreprises pourraient faire changer la donne, surtout s’ils sont conformes aux attentes ou les dépassent, comme pour de nombreux trimestriels récemment publiés en Asie. Ces prises de bénéfices, qui s’étendent jusqu’aux matières premières (dont les métaux de base), apportent la preuve d’une opinion négative sur les marchés, que l’annonce, samedi dernier, du sauvetage d’une banque allemande – le deuxième depuis le début de la crise – ne devrait pas contribuer à apaiser.