Pendant que les socialistes français sont en proie à une lutte intestine avant le congrès de Reims, leurs homologues belges souhaitent s’inscrire dans le débat économique. En fort recul lors des dernières élections, ils font aujourd’hui parler d’eux avec une batterie de propositions consécutives à la crise financière: ils préconisent un « retour à l’économie réelle pour restaurer la confiance« .
« L’auto-régulation est un mythe profondément ancré dans l’idéologie libérale et nous devons la combattre. Le système laissé à lui-même finit par détruire l’environnement, l’emploi, l’investissement. Même les CEO (chief executive officers ou directeurs exécutifs) ne sont plus en mesure de comprendre tout ce qui se fait en matière de produits dérivés dans leurs propres sociétés. Vouloir appliquer des règles, ce n’est pas prôner une économie dirigée ou du bolchevisme« , a expliqué le président du PS belge Elio di Rupo lors d’une conférence de presse.
La crise actuelle étant « la conséquence inévitable d’une régulation insuffisante des marchés financiers dominés par une frénésie spéculative« , le parti suggère d’instaurer un « organe mondial de régulation et de contrôle des marchés financiers« . Cette nouvelle institution pourrait être placée sous l’autorité de l’ONU et du FMI. Ce dernier devrait davantage veiller à la stabilité des marchés financiers, selon les auteurs du rapport. La titrisation (ici, transformation des crédits en obligations) devrait davantage être réglementée, jusqu’à organiser une surveillance des dettes sous l’égide de l’ONU. La création d’un « Interpol financier » est également préconisée.
La mesure la plus symbolique réside dans l’instauration d’un prélèvement « de faible taux sur les transactions purement financières« . L’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin s’était déjà penché sur la question. L’objectif serait de freiner le développement de bulles spéculatives, et de financer par la même occasion la coopération au développement. L’idée n’est pas sans rappeler la taxe Tobin, préconisée depuis 1972 par le prix Nobel d’économie James Tobin et soutenue par l’organisation altermondialiste Attac.
Le renforcement du contrôle des agences de notation fait également partie des propositions formulées par les socialistes belges. « Je ne demande pas une société publique mais, à tout le moins, que l’on conduise les régulateurs du marché à prendre leurs responsabilités en contrôlant ces agences et leurs méthodes. Elles doivent être totalement indépendantes du monde des affaires« , a indiqué Elio di Rupo. Aux Etats-Unis, de nouvelles dispositions législatives à leur sujet réapparaissent régulièrement dans le débat.
« Chaque fois que les marchés financiers plongent, c’est la société tout entière qui en subit les effets« , conclut le président du PS belge, soucieux de se faire entendre en pleine crise politique dans son pays mais en retrait.