Thierry Fautré, président de la division Financial Services de Siemens (SFS), aborde la part grandissante de l’efficacité énergétique dans les décisions d’investissement.
Développement durable, protection de l’environnement, efficacité énergétique, ces notions sont aujourd’hui sur toutes les lèvres, et ce à juste titre lorsque l’on sait que la facture énergétique du secteur industriel a augmenté de 7,5 % en 2011* en dépit d’une baisse générale des consommations. Malgré des prix en constante augmentation** et une hausse prévisionnelle allant jusqu’à 30% d’ici à 2016, l’électricité reste l’une des énergies les plus consommées dans l’industrie, faisant désormais de l’efficacité énergétique une priorité pour les entreprises.
De précédentes études menées par la division Financial Services de Siemens*** (SFS) ont mis en avant les économies que pourraient potentiellement réaliser les entreprises des secteurs de l’industrie, du commerce et de la santé, mais aussi les entreprises publiques si elles décidaient d’adopter des dispositifs à haute efficacité énergétique. Il en ressort qu’en fonction des secteurs et de l’application technologique, ces économies peuvent atteindre jusqu’à 25%.
De telles économies justifient la part grandissante de l’efficacité énergétique dans les décisions d’investissements des entrepreneurs. La dernière enquête de SFS**** montre ainsi que de plus en plus de responsables financiers intègrent désormais les économies générées à l’aide d’équipements à haute efficacité énergétique au sein de leur modèle TCO***** (Total Cost of Ownership – Coût Total de Possession). Le calcul du TCO cherche à évaluer l’ensemble des coûts générés par les équipements et les systèmes d’une entreprise (acquisition, fonctionnement, maintenance, formation, etc.) et représente ainsi un véritable outil d’aide à la décision. Dans le contexte économique actuel, la réduction de la facture énergétique et par voie de conséquence du coût total de possession s’avère être un atout non négligeable pour améliorer la compétitivité des entreprises et constitue un argument de choix pour valider l’acquisition d’un nouvel équipement.
Toutefois derrière la question de l’acquisition d’équipements à haute efficacité énergétique se pose celle du financement de tels investissements. A la suite de l’analyse TCO, de nombreuses entreprises optent pour des techniques de financement d’actifs qui ne permettent pas uniquement de financer le coût d’achat des équipements ou des systèmes, mais incluent d’autres paramètres de l’analyse TCO tels que l’installation, la maintenance, la formation et la mise à jour. En plus de pallier un accès au crédit rendu difficile par une conjoncture économique toujours incertaine, ces solutions de financement permettent de lisser le montant de l’investissement sur la durée du contrat de financement. Dans certains cas, l’opération s’avère financièrement neutre puisque le montant des remboursements est inférieur ou égal aux économies générées par l’utilisation du nouvel équipement.
Ce faisant elles donnent la possibilité de libérer des capitaux « gelés », autrement dit des capitaux immobilisés pour l’achat d’équipements au comptant. Dès lors, ces capitaux ne sont plus disponibles pour d’autres postes de dépenses stratégiques, comme par exemple la communication, le recrutement ou la R&D. C’est la raison pour laquelle un nombre croissant de responsables financiers intègre également les problèmes et les coûts liés à l’indisponibilité de trésorerie au sein de leur modèle TCO.
L’évolution du modèle TCO, avec l’intégration de ces deux nouveaux facteurs que sont les capitaux gelés et les économies générées par l’efficacité énergétique, met en exergue la nécessité croissante pour les décideurs de considérer avec la plus grande attention le mode d’acquisition et la consommation énergétique des futurs équipements.
*INSEE, Les consommations d’énergie dans l’industrie en 2011
**Eurostat, Prix de l’électricité pour l’industrie, 2012
***Siemens Financial Services, Turn down the power, octobre 2012
****Siemens Financial Services, The Transformation of Total Cost of Ownership, mars 2013
*****Gilles Pennequin et Antoine-Tristan Mocilnikar, L’Atlas du développement durable et responsable, 2011