En forte augmentation depuis dix ans, la contrefaçon de produits alimentaires prolifère sur les méfaits de la crise. Une expansion dont les conséquences dépassent l’enjeu de la propriété industrielle.
Les nouveaux territoires de la contrefaçon (2/3). Examinons l’estomac d’un individu ayant consommé, pour des raisons budgétaires ou par négligence, des produits alimentaires contrefaits: soit il se porte relativement bien, les substances ayant simplement été l’objet d’un transvasement dans un autre conditionnement – les marques faisant ici l’objet d’un achat initial de produits -, soit, cas le plus fréquent, il se retrouve submergé de substances d’origine plus douteuse. Les conséquences de la contrefaçon de produits alimentaires, en pleine expansion depuis dix ans, sont certes économiques, comme pour l’ensemble des secteurs, mais également sanitaires, d’où l’apparition de nouveaux risques, notamment pour des populations au pouvoir d’achat restreint ou mal informées.
Tous les consommateurs y sont potentiellement exposés, comme en témoigne, en mars 2009, la saisie de 58.000 barres chocolatées Kinder dans le port du Havre. Les enfants sont, à l’instar des jouets, particulièrement vulnérables. La commercialisation de produits sur Internet permet d’écouler plus facilement ces marchandises, les centrales d’achat commerciales disposant de référentiels pour contourner ces produits. Les saisies de produits par voie postale ont augmenté de 61,4% entre 2007 et 2008, le développement des nouvelles technologies de production constituant un enjeu majeur pour les professionnels du secteur: les contrefaçons tendent véritablement à s’industrialiser.
La Chine en ligne de mire
Sur les deux millions de produits alimentaires contrefaits recensés dans le monde en 2006, entre 16 et 20% provenaient de Chine, ce pays ayant retenu, en 2008, 300.000 produits alimentaires contrefaits destinés à l’export, soit trois fois plus que les montres. Le marché intérieur est également particulièrement sensible, comme en témoigne cette anecdote relevée à propos des bouteilles d’eau: lors des Jeux Olympiques de Pékin, ces dernières étaient pourvues d’un code d’identification unique, 50% d’entre elles étant fausses dans le pays.
Un chiffre qui illustre l’ampleur du problème, la modification locale du nom – un procédé peu ou prou utilisé par les marques (Evian ne se nomme pas Yun en Chine et n’accroît pas le nombre de ses cimes sur les étiquettes…) étant progressivement supplantée par la reproduction numérique des étiquettes d’origine. Les détournements restent néanmoins légion: connaissez-vous la (célèbre) eau tirée des volcans auvergnats Vicvic, pourvue d’une typographie similaire à l’originale (Volvic) ?
L’imitation constitue également un des fléaux pour les marques, telles les pâtes Panzani renommées en Padori, ou les marques de distributeur qui s’inspirent de codes couleur ou de noms pour recréer des gammes entières. A la différence des produits cités précédemment, elles s’appuient sur un outil industriel éprouvé et sont conformes aux normes, le packaging et la forme des produits (leur formulation ne pouvant être protégée) étant incriminés, un arrangement à l’amiable étant le plus fréquemment opéré dans ce cas.
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