Les Français ont réduit de 0,4 % leur consommation en produits manufacturés en juin, selon des chiffres dévoilés hier par l’Insee. Les achats de véhicules ont diminué de 3,8 %. Dans le commerce de détail, les ventes progressent de 0,1 %, après 1,3 % en mai. Ces chiffres en demi-teinte font apparaître une tendance de fond: inquiets pour leur pouvoir d’achat, les Français réadaptent peu à peu leur consommation pour se concentrer soit sur l’essentiel, soit sur des produits à forte valeur ajoutée. Sur un an, les dépenses des ménages n’ont augmenté que de 1 %, soit leur plus faible hausse depuis août 2003.
Les soldes qui s’achèveront dans quelques jours, dernières sous leur forme actuelle, apparaissent « peu » ou « pas satisfaisantes » pour plus de la moitié des commerçants interrogés par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. « Les soldes n’ont pas permis de rattraper une saison printemps-été médiocre, marquée par une météo peu favorable et un resserrement des dépenses de consommation », a expliqué l’organisme. « La dégradation la plus forte concerne l’opinion des ménages sur les perspectives d’évolution du niveau de vie en France. Le solde sur l’opportunité de faire des achats importants recule lui aussi« , mettait en garde l’Insee au début du mois suite à son enquête sur le moral des ménages.
Les carburants sont au centre des attentions. Le prix du litre de super a grimpé de 12,9 % sur un an et celui de gazole de 34 %, mais la consommation est était restée jusqu’à présent relativement stable. En juin, la consommation de carburant a toutefois connu un sérieux coup de pompe, avec une baisse de 10 %. Le Centre français des constructeurs automobiles estime que lorsque les prix augment de 1 %, la demande de carburant recule de plus de 0,4 %. L’Insee effectue le même constat. Afin de pouvoir expliquer le recul des ventes dans ses hypermarchés français, Carrefour a non seulement mis en avant le contexte difficile autour du pouvoir d’achat, mais aussi l’éloignement de ses magasins qui contraint les consommateurs à devoir utiliser leur véhicule. L’enseigne travaille actuellement sur des évolutions de son parc de commerces de proximité. Les acteurs de l’immobilier sont aussi touchés, les nouveaux programmes éloignés des centres-ville peinant à trouver preneur.
Dans un entretien accordé au Monde, le président du directoire promoteur immobilier Unibail-Rodamco tient à nuancer ces inquiétudes et ce recul de la consommation. « Nos locataires ont vu leurs ventes progresser de 1,5 %, en six mois. Cela montre que les grands équipements commerciaux, comme les Quatre Temps, à la Défense, où le chiffre d’affaires a grimpé de 9 % en six mois, résistent mieux que les autres formes de commerce« , indique Guillaume Poitrinal, qui réaffirme son attachement au modèle des centres commerciaux. Cela n’a cependant pas empêché le cours de Bourse de la foncière de chuter de 42 % depuis le début de l’année, une déconfiture qui s’explique notamment par l’indexation d’un grand nombre de loyers sur le chiffre d’affaires des commerces.