La qualité des sols est un point clé exploré par les viticulteurs pour relancer les ventes de vin. Tasser et tuer la terre, principal argument de vente, est un fait qui ne peut être ignoré. Certes, il n’est plus recommandé de désherber manuellement, mais pas non plus de se contenter de produits chimiques au final néfastes pour les terrains! La viticulture consomme 30% des pesticides utilisés chaque année dans l’agriculture française dont elle ne représente que 2,8% des surfaces cultivées. Les sols tassés en surface forment un «couvercle» difficile à traverser pour les jeunes ceps. Les racines s’enfoncent horizontalement au lieu de pousser verticalement.
L’agriculture biologique, dernier recours des viticulteurs? Aujourd’hui, 15000 viticulteurs français produisent du vin issu de ce type d’agriculture, sur un total de 17000 hectares, contre 5000 en 1995. Les consommateurs semblent apprécier le principe de volonté de respecter l’environnement: les vins biologiques progressent de 10% par an, sur un marché morose. Cependant, ce type de production a un coût: la culture de vigne revient en moyenne à 6700 €uros par hectare, contre environ 5000 €uros avec des produits chimiques. En ce qui concerne les vendanges, elles sont la plupart du temps manuelles, et font augmenter le prix de la bouteille. Investir dans la production est un des points qui semblent en vogue chez les viticulteurs soucieux de relancer leurs exploitations. Certains changements intervenus dans plusieurs domaines sont en passe de porter leurs fruits.
Etendre l’exploitation permet de cultiver de nouveaux cépages porteurs, réduire le nombre de grappes afin de laisser plus d’espace entre chaque pied planté, investir dans des vendanges manuelles et non mécaniques afin de tenter d’éliminer le maximum de déchets, recourir aux services de consultants éclairés… Tous ces efforts pour améliorer la qualité du vin se révèlent certes coûteux mais payants. Aujourd’hui, bon nombre d’exploitants préfèrent produire moins mais de meilleure qualité.
Entre marketing et technologie
Une autre manière de contourner la crise réside dans le marketing. Tant décrié par certains, il s’avère aujourd’hui indispensable pour promouvoir les vins. Et Jean-Charles Boisset, plus important négociant de Bourgogne, l’a bien compris: son vin en brique, baptisé French Rabbit, est conditionné mêlant coloris attrayants et technologie: le bouchon est rempli d’azote, de l’aluminium évite les coups de chaleur, un dégradé argent attire l’œil… L’ensemble s’apparente plus à la brique de lait qu’à une classique bouteille de rouge. Certains producteurs n’hésitent plus à utiliser des méthodes de lessiviers, avec pros-pectus (dans les limites de la loi) et tests auprès d’un échantillon de consommateurs, comme le vin Chamarré de la société OVS: étude du marché anglo-saxon, choix du nom auprès d’une liste établie par un cabinet spécialisé, tests aux Etats-Unis, et lancement en Grande-Bretagne.
Les images de saccages de magasins ne sont pas loin. Pourtant, faute de pouvoir investir dans des études poussées, certains viticulteurs fabriquent des vins pour la grande distribution, à travers les marques des enseignes (dites «de distributeur»). Les cahiers des charges des enseignes sont précis, avec de nouveaux contenants et des étiquettes facilement repérables. Vins plus fruités et sucrés, agriculture biologique, marketing: remonter la pente est possible.