Dix ans après le terrible épisode climatique qui a traversé la France, le patrimoine forestier reprend vie, lentement mais sûrement, sur des critères écologiques.
120 millions de mètres cubes de bois à terre, l’équivalent de quatre années de récolte. Des dommages estimés à 100 milliards d’euros. Le bilan, pour la filière forestière, des deux ouragans successifs de 1999 , s’est avéré particulièrement désastreux. Et pourtant, « on finit par dire merci à la tempête », indiquait récemment à Sud Ouest la propriétaire d’un domaine charentais ayant perdu 15.000 arbres tricentenaires suite à l’événement. Les conditions d’exploitation du bois ont changé, la gestion du patrimoine forestier a évolué, les espèces ont également été passées en revue.
Et pour cause: l’aspect qualitatif a été au cœur de la démarche entreprise par l’Office national des forêts (ONF) et de nombreux propriétaires privés, les objectifs économiques rejoignant les préoccupations d’ordre écologique… une décennie avant l’engouement actuel pour les questions d’ordre environnemental. Le mot d’ordre de la recomposition forestière: la régénération naturelle. Des essences telles que le bouleau sont réapparues, des trouées se sont formées… Des graines ou des glands ont permis de concrétiser cette forme de résilience écologique.
Régénération naturelle et biodiversité
Avec des parcelles accueillant de nombreuses espèces, l’exploitation est plus difficile, mais la réaction différente de chaque type d’arbre constitue un rempart face aux aléas climatiques. La stratégie de reconstitution du patrimoine forestier a été formalisée par l’ONF à partir des précédentes expériences, en capitalisant sur un principe de base: les travaux de dégagement devaient favoriser le développement de jeunes peuplements. S’il n’était pas satisfaisant dans un délai de trois à quatre ans, le recours à la plantation a été effectué.
La planification de l’entretien des domaines forestiers a non seulement permis de remettre à plat les priorités en termes de plantation et d’abattage, mais également favoriser la diversification des espèces. L’hétérogénéité du boisement apparaît en effet comme un des moyens permettant une meilleure résistance au vent, estiment de nombreux experts. Il s’agit aussi de prévenir les risques sanitaires. La régénération naturelle offre des garanties de provenance et d’enracinement, tandis que l’intervention humaine a ici pour objectif de préserver la biodiversité.
Dans le Rhône, où on estime le reboisement des surfaces dévastées effectué à 95%, une étude approfondie de chaque espèce a été menée afin d’en définir les conditions de replantation. Les feuillus se sont arrogés le long des voiries en raison de leur faible conservation de la neige, tandis que le mélèze a le défaut de perdre ses « aiguilles en hiver tout en ayant une production équivalente à celle du douglas, donc quatre fois supérieure à celle du chêne », selon Gérard Cretet, technicien opérationnel, qui s’exprimait fin décembre dans Le Progrès.
Dans les Landes, en revanche, la tempête Klaus de janvier 2009 a précipité une mutation des parcelles forestières particulièrement inattendue. Alors que le développement d’un pin nécessite une cinquantaine d’années et que la forêt a particulièrement souffert suite à deux catastrophes climatiques en une décennie, de nombreux sylviculteurs ont décidé de reconvertir leurs parcelles en fermes photovoltaïques, dédiées à la production d’énergie solaire. Un développement encore marginal mais qui n’entrave en rien, explique-t-on à la communauté de communes du Gabardan, l’objectif de replantation de l’intégralité des arbres défrichés d’ici à 2013.