Charte internationale, recentrage géographique et contrôle accru des investissements: les fonds d’Etat tentent de sauver les meubles.
Fonds d’investissement (1). Avec des moins-values de 45 % enregistrées entre fin 2007 et début 2009, les portefeuilles d’actions aux mains des fonds souverains reflètent les effets de la crise sur les investisseurs d’Etat chargés de sécuriser les ressources à travers des prises de participation diversifiées. En Norvège, le second fonds souverain au monde après celui d’Abu Dhabi, a lui aussi subi les dommages collatéraux de la crise financière et économique: il a enregistré 90 milliards de dollars de pertes en 2008.
L’ampleur progressivement prise par les pays émergents, l’envolée des matières premières et la recherche continue d’investisseurs capables de soutenir des firmes à long terme ont soutenu la création de fonds; la crise oblige désormais les gérants à se concentrer sur les seules positions les plus rentables et stratégiques, avec un regard continu sur les besoins de leur pays d’origine. Le cas norvégien illustre parfaitement cette situation: l’Etat va y chercher, dans des proportions bien plus importantes que d’habitude, des sources de financement.
Cette dépendance affirmée de nombreux Etats à leurs fonds souverains exige un renforcement de l’attractivité de ces derniers: rassurer de potentielles cibles s’avère plus que nécessaire pour continuer à investir dans de bonnes conditions en cette période de méfiance à l’égard des opérations financières. « La crise met une pression supplémentaire sur notre groupe qui se trouve appelé à intensifier sa coordination et à renforcer sa coopération. Aujourd’hui, le monde entier est entré dans une nouvelle ère, une ère qui voit les hommes politiques diriger les marchés », expliquait en avril dernier le directeur général du fonds koweïtien, Bader al-Saad.
Des principes et un recentrage géographique
Le patron de la Kuwait Investment Authority préside un groupe de vingt-trois fonds crée l’an dernier, et qui a adopté un ensemble de principes – dits de Santiago -, rédigés en collaboration avec le Fonds monétaire international. Cette charte, réaffirmée lors d’une réunion qui s’est tenue au printemps dernier, est censée accroitre la confiance de la communauté internationale envers les fonds d’Etat, avec pour ligne de mire la transparence.
Se doter de structures de gouvernance transparentes et saines, se conformer à toute réglementation et obligations de communication de l’information financière, réaliser les investissements sur la base de considérations liées au risque et au rendement, et participer au maintien de la stabilité du système financier mondial, tels sont ces principes.
Pour affronter la crise, les fonds se recentrent également sur leur région initiale. Ainsi, 83 % des capitaux de fonds souverains investis en Asie émanent de fonds asiatiques. Cette propension à effectuer des investissements géographiquement proches permet de mieux contrôler l’utilisation des fonds et de contribuer au développement économique local, deux arguments essentiels pour justifier de telles dépenses auprès de populations soucieuses du devenir de leurs impôts et de leurs retraites (le financement des pensions fait figure de principal débouché du fonds norvégien, par exemple).
A travers un contrôle accru de leurs investissements, des principes éthiques et de transparence établis et une volonté de développement local, les fonds souverains tentent de sauver les meubles dans une crise qui ne les aura pas épargné.