La réduction des coûts constitue une priorité pour les entreprises en période de crise. Une recherche qui doit davantage se concentrer sur l’optimisation des ressources que la volonté d’établir des coupes franches.
Une profession – ou plus exactement une spécialité – a émergé et s’est renforcée au plus fort de la crise: les chasseurs de coûts. Le contexte économique difficile a poussé de nombreuses entreprises à se restructurer ou, plus simplement, à modifier leur fonctionnement interne, avec l’objectif de rationaliser leurs dépenses, de mieux employer leurs ressources, et de contrôler davantage leur budget. Notes de frais, voyages d’affaires, consommables: tout peut passer à la moulinette de ces spécialistes.
Deux types de professionnels peuvent accompagner les entreprises dans cette démarche, avec des profils adaptés aux PME ou à de grandes entités. Dans le premier cas, faire appel à un consultant semble la démarche la plus adéquate, avec des honoraires inférieurs à ceux pratiqués par de grands cabinets, et la possibilité de faire appel à un spécialiste d’un domaine donné (gestion des salaires, taxes…). Dans le second cas, des cabinets de renommée mondiale tels qu’A.T. Kearney ou Ernest&Young peuvent accompagner les firmes, pratiquant des audits et établissant diverses simulations.
Attention toutefois aux objectifs de ces accompagnateurs: « notre vocation est de réaliser des économies pour préserver des emplois. Dans certains cas, notre intervention a permis des recrutements », précisait récemment au Figaro Pierre Lasry, fondateur du cabinet LowendalMasaï. L’optimisation des coûts a pour premier objectif, selon lui, d’allouer les sommes économisées au développement de projets et à la consolidation de l’entreprise. Faute d’un service entièrement dédié aux négociations pour leurs achats, ou de connaissance d’astuces juridiques, des PME dépensent plus qu’elles ne pourraient le faire.
Moins de déplacements, mieux communiquer, jouer sur les aides
Des PME ou de grandes entreprises qui, même sans aller à l’extrême au niveau de la chasse aux coûts, sont déjà nombreuses à avoir commencé à remettre en question certaines dépenses. Le prestataire informatique IDC, qui a mené l’enquête en février-mars auprès de 400 entreprises, a identifié trois postes frappés par la crise, au premier rang desquels les voyages d’affaires. 70 % des firmes interrogées avaient déjà réduit le nombre de déplacements professionnels, une donnée primordiale lorsque l’on sait qu’il s’agit du second poste de dépenses après le personnel…
Dans ce domaine, la renégociation des contrats et des partenariats, ainsi que la propension grandissante à opter pour les classes économiques sont les tendances les plus visibles. 49 % de ces dépenses concernent l’aérien: les compagnies low-cost, qui misent depuis longtemps sur ce marché, sont les premières gagnantes de ce passage en revue, et ce en dépit de contraintes plus fortes. Signe des temps qui courent, Air France tente de réagir depuis le printemps avec le déploiement d’une offre « Premium », située à mi-chemin entre la classe éco et la classe affaires. Les modalités de remboursement des frais constituent également un levier de réduction des coûts.
L’informatique fait également partie des postes les plus touchés par cette chasse au gaspi. Ainsi, selon le sondage d’IDC, 35% des professionnels comptent repousser le renouvellement de leur parc ou tenter de renégocier leurs contrats à la baisse. Dans ce contexte, le marché du conseil IT sauve la mise: les nouvelles techniques de virtualisation des serveurs, ainsi que la nécessité d’améliorer à moindres frais les réseaux de communication deviennent essentielles.
Concernant les ressources humaines, de multiples moyens peuvent être mises en oeuvre pour participer à l’effort de réduction des coûts… voire à améliorer les pratiques existantes. Ainsi, il peut être utile de regarder de plus près les côtisations liées aux accidents du travail. Pour Pierre Lasry, « le taux étant indexé sur le nombre d’accidents survenus, mieux vaut agir en prévention et prendre des dispositions pour assurer la sécurité des salariés ». Le recours aux contrats aidés peut également représenter une opportunité d’embauche à frais réduits, en jouant sur les nombreuses possibilités d’exonérations.
Un risque reste toutefois présent dans cette chasse aux coûts: celui d’affecter la productivité. Un critère qui demeure essentiel.