Le Jefrey’s, un bar à cocktails parisien, vient de transformer sa carte en associant étroitement des tatoueurs à sa conception, et en faisant évoluer ses codes visuels.
Bonnes pratiques — Qui fréquente assidûment les bars à cocktails et autres salons spécialisés aura remarqué la propension de nombre de barmans à être tatoués. Benjamin Nolf, chef barman du Jefrey’s, n’y échappe pas. Ce bar à cocktails de la rue Saint-Sauveur, dans le 2ème arrondissement de Paris, a su se renouveler depuis 2011 en faisant régulièrement évoluer son offre. Après un an de développement et une approche proche de la sociologie pour l’élaborer, son équipe a lancé son Ink Menu, une carte de douze cocktails, chacun crée en collaboration avec un tatoueur.
« Le tatouage s’est démocratisé », observe Benjamin Nolf. Après avoir contacté une trentaine de tatoueurs français et belges, il a rencontré individuellement les douze participants au projet afin de mieux cerner leur profil, grâce à une grille d’interview. « La plupart des tatoueurs ont déjà collaboré avec des marques d’alcool ou avec des bars, et d’autres étaient déjà clients des bars à cocktails », indique le chef barman, qui a ensuite élaboré une recette à leur image.
Un long travail qui s’est doublé d’une réflexion sur l’image du Jefrey’s. Aux élégants supports en cuir succède un menu sous forme d’un petit livret, doté d’un éditorial rappelant que la mixologie consiste en l’art d’assembler des goûts et des saveurs, et que les collaborations sont essentielles dans toutes les formes d’art. Une première couverture fait office de carte de visite, avant de dérouler le carnet présentant, pour chaque cocktail, une illustration, le contenant utilisé, une liste simplifiée des ingrédients et les saveurs associées. Le logo du bar a été redessiné. Une nouvelle charte conçue par Mélissa Montécot.
Jeux d’influences entre les tatoueurs et le barman
Chaque cocktail porte le nom d’un tatoueur. Le tatoueur parisien Grenouille signe ainsi un drink au bourbon Woodford Reserve, jus de citron vert, jus de tomate bio, sauce ramen et jeune d’œuf, avec une feuille de shiso. « Nous nous sommes inspirés de ses voyages en Asie en twistant un Bloody Mary à la sauce ramen », ajoute Benjamin Nolf. Un assaisonnement (sauce soja, sauce pimentée sriracha) accompagne le tout. En deuxième service, un jaune d’œuf lui aussi assaisonné (sauce soja, graines de sésame au wasabi, pousse de shiso pourpre, sauce sriracha) permet de prolonger l’expérience, très réussie.
Quelques pages plus loin, Yakes, lui aussi basé à Paris, introduit un cocktail de type sour. Les ingrédients : Jack Daniel’s Rye infusé à l’huile de cacahuète, sirop de basilic, jus de citron jaune, basilic, gingembre. « Yakes a un univers marqué par l’architecture et la déstructuration de bâtiments et du végétal », précise Benjamin Nolf – les éclats de cacahuètes caractérisent cette même déstructuration. Pour les amateurs de spiritueux, le Jefrey’s a par ailleurs retravaillé son offre de whiskies, avec notamment des références de la Scotch Malt Whisky Society.
Dernier détail, et pas des moindres : le compte Instagram de chaque tatoueur est mentionné sur le menu. Un réseau social devenu incontournable dans le secteur, qui permet de se faire connaître de manière réciproque. Quelques jours après avoir officiellement lancé l’Ink Menu, le Jefrey’s avait déjà engendré plus de 500 followers supplémentaires. Une belle démarche visuelle à découvrir tous les jours de la semaine dans le Sentier.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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