Depuis 1987, le Futuroscope s’est développé autour des technologies de l’image. Un ADN que le parc d’attractions a tenté de transposer en milieu aquatique à l’occasion de la création de l’Aquascope.
— Série : le Futuroscope inaugure l’Aquascope (3/3) —
En déambulant dans l’Aquascope, le parc aquatique ouvert à l’été 2024 par le Futuroscope, on se surprend à apercevoir plusieurs grands écrans, et à jouer en famille, dans l’eau, dans des univers oniriques. “Quand on a décidé de faire un parc aquatique, il fallait absolument qu’il rentre dans l’ADN du Futuroscope. En faisant plusieurs voyages, on s’est rendu compte que le fait d’associer un média à l’univers naturellement ludique d’un parc aquatique serait inédit. Le Futuroscope à la culture de l’image”, martèle Olivier Héral, le directeur de création du complexe de loisirs de la Vienne.
Parmi les différents espaces de l’Aquascope, en plus des nombreux toboggans, il est donc possible de découvrir la salle du “Kiné’eau”, avec des étoiles filantes représentées sur un vaste écran à 270 degrés, ou bien de découvrir une version imagée de la faune et de la flore dans l’espace de “la Crique”. Une partie du canal dédié à une activité consistant à se laisser promener dans une bouée se déroule dans cet univers. L’espace immersif a été nommé en conséquence : “les Abysses de lumière”. Dans certains bassins, les animations au sol suivent le mouvement des visiteurs dans l’eau.
“Le chlore attaque tout dans son environnement”
Il n’en demeure pas moins que transposer l’expertise des technologies de l’image dans un milieu aquatique n’a pas été une mince affaire. “Quand on nous a dit qu’il était impossible de faire du mapping en milieu chloré, on a essayé de relever le défi, et on y est arrivés”, se félicite Rodolphe Bouin, président du directoire du Futuroscope, qui a achevé dans les temps le projet de l’Aquascope, moyennant un investissement de 57 millions d’euros.
“On ne se rendait pas compte à quel point le chlore venait tout attaquer dans son environnement”, témoigne Quentin Duport, chef de projet sur l’Aquascope. Pour prévenir les risques liés à la corrosion, les équipes se sont appuyées sur le retour d’expérience d’autres parcs de la Compagnie des Alpes (dont le Parc Astérix) et à travers le monde, ainsi que sur des bureaux d’études. Parmi les solutions retenues, les armoires de climatisation sont proches de celles utilisées dans les data centers. En entrant dans la régie son-vidéo, on se retrouve face à d’imposants projecteurs laser Barco, dont chaque unité va de 70000 à 80000 euros.
Pour parfaire l’immersion des visiteurs, une mascotte a été créée, Kraki. Cette pieuvre est au cœur de l’espace réservé aux enfants. “On est capables de faire transformer l’espace, et on découvre l’antre du personnage Kraki. C’est rare de pouvoir partir dans la création de personnages absolument déjantés”, se félicite Alexandre Lupien, directeur de création chez Moment Factory, une entreprise québécoise spécialisée dans la réalisation d’expériences immersives. Signe que le mapping plaît, un parc américain est entré en contact avec le Futuroscope pour importer le concept.
Un travail mené sur la consommation d’eau
Question environnement, l’Aquascope se veut exemplaire. “Nous savions qu’un parc aquatique pouvait être décrié sur l’aspect environnemental, et nous voulions faire des choses que personne n’avait inventé”, indique Thierry Pirodeau, le responsable de la filiale Futuroscope Maintenance et développement. Depuis cinq ans, le Futuroscope a réduit de 80 % l’arrosage des espaces verts, par exemple.
Fin 2025, le Futuroscope ne devrait pas consommer plus d’eau qu’avant l’exploitation de l’Aquascope. L’eau de l’Aquascope sera réutilisée d’une à trois fois, dans le parc aquatique, à l’hôtel Ecolodgee, et à l’attraction Mission Bermudes qui doit ouvrir en avril 2025. Dans les locaux techniques de l’Aquascope, la filtration de l’eau s’effectue avec des filtres à diatomées, avec une poudre. 8% du budget du parc aquatique a été consacré à ce sujet. “Théoriquement, le système consomme cent fois moins qu’un filtre à sable”, poursuit Quentin Duport. Plus de 135 pompes de filtration sont réparties dans le bâtiment. Avec ses multiples installations, l’Aquascope entend prendre une quinzaine d’années d’avance sur les exigences du décret tertiaire sur la consommation d’énergie.