Malgré l’exiguïté de ses locaux, la Distillerie de Monaco a élargi la distribution de ses spiritueux, notamment réalisés à partir d’ingrédients de la région, en misant sur les hôtels de luxe et les tables étoilées.
A quelques pas du port de la Condamine, dans l’hyper-centre de Monaco, l’Orangerie, nouveau nom d’une ancienne d’une boutique d’articles de chasse et pêche, abrite depuis 2017 une distillerie – pas de surprise, il s’agit de la Distillerie de Monaco. Une petite pièce de quatre mètres de hauteur sous plafond, dans un immeuble du 18ème siècle, au sein de laquelle trône un alambic pot still signé Kothe (Allemagne).
“Il chauffe vite, ce qui n’est pas forcément évident pour travailler dans un espace réduit”, constate Philippe Culazzo, fondateur. Au sous-sol, sont réalisées les opérations d’embouteillage, tandis qu’un entrepôt sous douane est à disposition à quelques kilomètres. Les palettes sont montées à la main, dans une petite rue pentue. “Si on a plus de demande, on s’adaptera”, sourit le manager, qui revendique une production annuelle de 100 000 bouteilles.
De discrètes références à la principauté
Une chose est sûre, la notoriété de la principauté aide. Duty-free, grands hôtels, tables étoilées et cavistes sélectionnés sont autant de lieux où l’on peut trouver les produits de la distillerie, distribués par de nombreux distributeurs indépendants, Premium craft spirits et depuis peu sur la plateforme The Avant-Gardists lancée par La Maison du Whisky. “Il faut déjà avoir un bon produit à la base, puis le fait que nous soyons implantés à Monaco est un avantage.”
Pour autant, les codes graphiques, dont le drapeau rouge et blanc, sont à peine perceptibles sur les flacons. Une façon de surtout mettre en avant les produits, proposés sous différents formats et désormais en mignonettes pour le gin. Le design de ces dernières a dû évoluer, conséquence des tensions actuelles sur le verre. Prévues pour être livrées en août, 200 000 bouteilles n’arriveront qu’en octobre à la distillerie.
L’orange à l’honneur
Pas de quoi décourager Philip Culazzo et son équipe, qui misent sur des ingrédients locaux. 15 tonnes de fruits sont produits chaque année à Monaco, notamment visibles sur les nombreux arbustes répartis au long des boulevards. La municipalité se charge de la récolte de ces matières qui étaient jusqu’alors jetées. De janvier à mai, les agrumes sont livrés, avant la caroube en septembre. Une liqueur de caroube (24%), Carrouba, est ainsi produite : terreuse au nez, elle se distingue par de généreux arômes de café et de chocolat, avec une très belle longueur en bouche. A déguster en digestif ou en cocktail. Du foie gras macéré avec cette liqueur a été servi dans des paniers de Noël à l’hiver dernier.
L’Orangerie (30%) consiste pour sa part en une liqueur d’orange amère, très fraîche et aux notes de pamplemousse – même si elle n’en contient pas. Un gin aux agrumes (40%) est pour sa part élaboré à partir de plusieurs ingrédients (baies de genièvre, oranges douces et amères, citron vert, pamplemousse bergamote, thym, poivre de Sichuan). Un spiritueux très aromatique, également décliné en édition limitée pour un hôtel d’Antibes (Alpes-Maritimes). Dernièrement, une vodka a été produite à des fins caritatives. La distillerie met également son équipement à profit pour transformer certaines productions de la brasserie niçoise Blue Coast en eau-de-vie de bière.
Pour se développer, la distillerie compte accentuer ses collaborations avec des barmans autour d’idées de recettes, et suggère de manière plus simple la réalisation d’un “Monaco spritz”: 12cl de prosecco, 3cl de liqueur d’oranges, une écorce d’orange et des glaçons.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.