Thierry Fautré, président de Siemens Financial Services France, présente les conclusions d’une étude relative aux investissements des collectivités en équipements. Selon cette enquête, les villes de l’Hexagone vont devoir recourir à des financements à la fois publics et privés pour faire face aux 413 milliards d’euros nécessaires pour leurs investissements en infrastructures avant 2020.
A quelles sources de financement les villes/collectivités pourraient-elles avoir recours pour financer de manière innovante leurs investissements ?
« Partant du constat que le montant des investissements requis ne peut être financé uniquement par les fonds publics, le soutien du secteur privé est primordial pour que les villes et collectivités aient accès aux capitaux nécessaires à la concrétisation de leurs projets. Dans ce sens, le financement d’actifs mérite toute l’attention des décideurs car il permet aux villes d’acquérir les derniers équipements et technologies sur un modèle de répartition des paiements. Cette pratique de financement est déjà utilisée pour l’intégration de technologies génératrices d’économies d’énergie dans les bâtiments publics, la vidéosurveillance ou pour l’acquisition des dernières générations d’équipements médicaux.
Le recours à des techniques de financement alternatives est fondamental au développement des infrastructures et des économies des zones urbaines. Certaines collectivités se sont déjà adaptées en diversifiant leurs sources de financement et ont recours à une combinaison de solutions de financement d’actifs (la location et crédit-bail), de partenariats public-privé (PPP) et de crédits bancaires.
Cette approche est appelée à s’intensifier dans les dix prochaines années en raison de l’ampleur des investissements nécessaires pour permettre aux collectivités de prospérer de manière durable. Le financement d’actifs, par exemple, permet de surmonter la volatilité à court terme des lignes de crédit classiques au profit d’un coût de financement fiable et transparent sur la durée. En offrant aux collectivités des solutions de crédit-bail ou d’achat locatif, le montant des mensualités est fixe et peut être remboursé en fonction des revenus généré par l’équipement financé. Le calcul du retour sur investissement et la validation de l’investissement s’en trouvent grandement simplifiés. »
Quels sont les impacts de la crise sur le financement des projets des villes ?
« Face à des arbitrages de plus en plus fréquents, certaines villes et agglomérations européennes se voient contraintes à repenser leurs budgets et à optimiser leurs systèmes de financement pour relever leurs besoins futurs d’infrastructures. L’Europe qui doit faire face à une conjoncture économique délicate, voit un nombre grandissant de partenariats public-privé se monter pour une totalité de projets dépassant la valeur de 500 millions d’euros. »
Existe-t-il, en matière de besoins de financement des villes/métropoles pour leurs projets « durables » d’importantes différences entre la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ?
« Avec un montant de dépenses estimé à 413 milliards d’euros, la France dépasse le Royaume-Uni (274 milliards d’euros), mais se place derrière l’Allemagne (439 milliards d’euros). Pour obtenir ces chiffres, notre étude s’est basée sur les projections de Capex (dépenses d’investissement) 2011-2020 de Global Insight afin de calculer un montant de Capex par habitant pour chaque pays étudié.
Ce chiffre par habitant a ensuite été multiplié par la population urbaine afin de parvenir à une estimation du montant d’investissement requis pour l’ensemble des zones urbaines, ainsi que pour les trois plus grandes agglomérations, de chaque pays. Les dix pays étudiés dans le rapport sont le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Pologne, la Turquie, les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et la Russie.
Ainsi, en Europe, la France se place en deuxième position en raison de ses besoins d’investissements élevés dans ses infrastructures, mais notre pays et l’Allemagne sont au rang des 4 pays les plus « nécessiteux » d’investissements derrière les USA (2.684 milliards d’euros) et la Chine (2.521 milliards d’euros). »