
A Mainxe-Gondeville (Charente), Frédéric Delpeuch, 31 ans, a lancé, en 2022 Deljoy, une liqueur à base de cognac et d’agrumes. Trois ans après, celle-ci s’est fortement développée dans le circuit cafés-hôtels-restaurants. Retour sur l’histoire de la start-up.
Business & Marchés – Pourriez-nous nous présenter votre parcours ?
Frédéric Delpeuch – Je représente la cinquième génération. Deljoy est une maison familiale, avec la création de la maison Delpeuch-Joyeux en 1890 par mon arrière-arrière grand-père. Négoce de cognac, il crée une distillerie puis vend son cognac sous sa propre marque (Delpeuch-Joyeux). Dans les années 1960, lorsque mon grand-père a repris l’entreprise, il s’est recentré sur la vente aux négociants, en travaillant pour d’autres comptes. Les grosses maisons de négoce faisaient pression pour capter le gisement d’eaux-de-vie. De mon côté, j’ai un master en management, complété par un master finance-stratégie à l’EM Lyon. J’ai obtenu également le WSET 2 et j’ai effectué des formations autour des eaux-de-vie. J’ai travaillé dans le conseil, avec des acteurs des spiritueux et des coopératives chez PwC, puis comme banquier d’affaires au Crédit Agricole jusqu’en 2021.
Comment en êtes-vous venu à lancer un nouveau spiritueux ?
Plutôt que de relancer un énième cognac, j’ai préféré lancer une liqueur, tout en gardant l’ADN du cognac. J’ai lancé Deljoy en 2022, et mon frère et mon père s’occupent de l’amont (vignoble, vinification, distillation, vieillissement du cognac), et je m’occupe de la sélection des cognacs et de la fabrication. L’idée était de créer une liqueur qui me plaise. J’adore les agrumes, et les cognacs se marient bien avec les agrumes. Il fallait éviter l’amertume, pour être plutôt sur la fraîcheur et l’acidité. Nous sommes à 170 grammes de sucre par litre. Deljoy est un assemblage de sept agrumes : pamplemousse, mandarine, orange douce, orange amère, yuzu, citron, cédrat. On assemble ces agrumes avec le cognac Grande champagne de la distillerie familiale. Les eaux-de-vie ont en moyenne trois ans (de 2 à 4 ans). Nous fabriquons tout nous-mêmes. Nous avons l’avantage de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur.
Quelle en était l’inspiration ?
La ligne conductrice était d’avoir un produit qui me plaisait, à déguster pur ou en cocktails. Pour les agrumes, nous avons testé différents produits. Ce travail sur la recette a commencé début 2020, pour un lancement commercial en juillet 2022. Le cognac vient de l’exploitation familiale. Les agrumes viennent de France, d’Italie, d’Espagne, du Maroc et du Japon (yuzu), selon les disponibilités.
“Le cognac apporte de la longueur en bouche, et vient sublimer les agrumes”
Quels sont les vecteurs de développement de Deljoy ?
Nous sommes davantage orientés sur le CHR aujourd’hui (70% CHR, 30% retail). Nous avons tout de suite attaqué tous les fronts sur le CHR, en bars à cocktails et dans les brasseries qui font du spritz et des mules. Nous travaillons également avec des restaurants gastronomiques. Le produit est très polyvalent. J’aime beaucoup les long drinks, et je favorise le côté frais et fruité pour les spritz par exemple. Le spritz se marie bien avec une liqueur, tandis que le mule (2cl Deljoy, 1cl citron vert, 8cl ginger beer). On a eu des revisites également, par exemple la paloma. Chez les cavistes, le produit est conseillé comme une liqueur aux agrumes, assez polyvalente. Nos agents l’expliquent comme une liqueur d’agrumes 100% naturelle, que l’on peut apprécier aussi pure sur glace.
A la découverte de la liqueur
Le nez est très agrumes, soyeux, patiné. “Quand on porte le verre au nez, le cerveau pense aux agrumes, sans forcément savoir lesquels. Le cognac apporte de la longueur en bouche, et vient sublimer les agrumes en apportant de la complexité et de la longueur en bouche”, explique Frédéric Delpeuch. L’attaque, légèrement mentholée, est portée sur le citron, et le yuzu). Il y a un côté légèrement épicé et frais en attaque. Il y a de la mâche, de la consistance en bouche ensuite. “On garde les agrumes sur le palais plusieurs minutes après la dernière gorgée, pour créer un goût de «reviens-y»”, poursuit l’entrepreneur. Il y a des notes d’épices très légères, avant une fin de bouche plus gourmande.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.