Retour sur les stratégies des marques au dernier salon Cocktails Spirits, dédié à l’industrie du bar : des spiritueux de nouveau mis en avant, des drinks en vogue, du sans alcool.
Il y avait du monde. Beaucoup de têtes connues. Des bartenders que l’on ne connaissait pas, aussi. De beaux guests bartending en parallèle. Moins d’exposants également, cette année, au salon professionnel Cocktails Spirits, organisé pour la dernière fois, les 4 et 5 juin, au Palais de Tokyo, dans le 16ème arrondissement de Paris, mais l’occasion de (re)découvrir les stratégies des marques à destination de l’industrie.
Revenir au bon souvenir des professionnels
A l’exemple de la liqueur à base de cognac et d’infusion de mandarines Mandarine Napoléon, que son distributeur Major ISD souhaite “remettre au goût du jour” auprès des barmans. “On veut dépoussiérer le produit; l’univers de la mixo peut être imaginatif. Nous préparons aussi une nouvelle image de marque”, indique Julien Haas, chef de secteur. En cocktail, place à un Paper Plane (Mandarine Napoléon, bourbon, liqueur Amaro, citron). Plus classique : liqueur et ginger ale, ou en margarita.
La tequila 1800 (38%) se relance pour sa part sur le marché français, “prioritaire”, rappelle Frantz Heitz, brand ambassador. En cocktail, il suggère le Tonatiuh, comme le Dieu du soleil (tequila reposado, sherry fino, crème de cassis, eau florale d’immortelle, teinture piment-chipotle).
Rester en top of mind
Idem pour le gin allemand Monkey 47 (47%), dans le giron de Pernod Ricard. “Notre gin, emblématique de la Forêt noire, est très apprécié, dans tous les types de bars”, rappelle Pablo Descot, brand ambassador. Place, donc, à un gin tonic (gin, tonic, zeste de pamplemousse) accompagné d’une assiette de truite fumée au pamplemousse, confit et aneth. On reste sur la fraîcheur avec l’imposant stand de Schweppes, doté d’un DJ, en découvrant la nouvelle référence Baya de Népal. Un mix de poivres, de citronnelle, de pamplemousse et d’anis étoilé est disposé en garnish.
Pour la maison de cognac Rémy Martin, place à un Mai Tai revisité, sous la houlette de Nicolas Blanchard, du bar à cocktails toulousain L’Heure du singe : cognac 1798 Accord royal, Cointreau, sirop d’orgeat, jus de citron vert. “Nous avons remplacé le rhum par du cognac, nous n’avons pas ajouté d’Angostura, et le cocktail est shaké”, décrit le barman. Le drink est doux et onctueux.
Être au cœur des tendances de consommation
Avec les tonics Fever-Tree, distribués par La Maison du Whisky, on découvre régulièrement des nouveautés, tels que le très réussi Raspberry & Tonic water. A découvrir en cocktail avec 5cl de vermouth blanc Cocchi bianco aperitivo, quelques framboises, et un zeste de citron jaune. “Sur le soda water, les bartenders apprécient la taille de la bulle, pour allonger le cocktail. Auprès du grand public, nous avons opté pour une prise de parole sur le gin tonic, à travers une campagne d’affichage. 90% des gens ne savent pas ce qu’est un bon tonic”, observe Ludovic Derigny, country manager France. Le bon dosage : 5cl de gin, 15 cl de tonic, et rediluer avec les 5cl restants. Il était aussi possible de découvrir un cocktail très sirupeux et fruité sous la houlette des bartenders événementiels de Bootleggers : gin Christian Drouin, sirop de citronnelle, verjus, et une rondelle de citron en garnish.
Également distribués par La Maison du Whisky, les whiskies japonais Nikka visent un segment “haut de gamme” dans les bars, avec un large spectre de références allant de Nikka Days aux produits destinés à la dégustation. En cocktail, le We’ll always have udaipur associe du Nikka Taketsuru pure malt, du Nikka Coffey gin, de Select aperitivo et d’orange bitter, “dans l’esprit d’un Negroni, mais avec du whisky à la place du vermouth, et en abaissant la quantité de gin”, illustre Raphaël Cristini, brand ambassador. “Aujourd’hui, Nikka est reconnu pour ses whiskies marqués par la finesse et l’art de l’assemblage”, poursuit-il. Avec le cocktail Seattle sour (whisky From the barrel, Scrappy’s bitter, sirop d’orgeat, citron vert), place à un drink qui rappelle la pâte d’amandes à la dégustation.
Le distributeur girondin de spiritueux Les Bienheureux pousse quant à lui les feux sur le gin bio L’Acrobate, lancé à l’automne 2021. “Il nous manquait un gin dans la gamme, et la distillerie Bercloux, qui est dans notre groupe, produit près de 80% des gins français”, précise Rémi Cans, directeur CHR France. En cocktail (“Paradise sour”), focus sur le relancement de la cachaça Parati, qui avait fait une première apparition en 2015 : amande et rose, fenugrec, verjus et cachaça. L’amande et la rose donnent un côté pâtissier au drink, cassé par le fenugrec.
S’inscrire dans le développement du sans alcool
Une nouvelle gamme sans alcool est lancée par Giffard : Giffard alcohol free, avec quatre parfums au compteur (pamplemousse, ananas, fleur de sureau, gingembre). 18 mois de conservation (5 mois après ouverture), une assez longue durée dans cet univers. Les produits ne peuvent pas porter le terme de “liqueur”, mais s’en rapprochent, à l’image du pamplemousse rose (qui évoque le fruit pressé au nez, mais puissant en bouche) et de la fleur de sureau. Les circuits CHR et cavistes seront visés, avec un prix de vente identique à celui des liqueurs classiques.
Pour les tonics La French s’il vous plaît, créés en 2017 place à une extension de gamme. Après les tonics donc, et la ginger beer, ainsi que des boissons énergisantes (le fondateur de la marque, Jean-Paul Müntz-Berger, a longtemps travaillé pour Red Bull), place à une délicieuse limonade au pamplemousse rose et à la fleur de sel de Guérande. Les notes salines sont immédiatement décelables. “Le sel est un exhausteur de goût”, rappelle Stephen Martin, brand ambassador. A déguster aussi en paloma.
Enfin, Monin a imaginé un “No & low concept bar”, avec neuf recettes de cocktails classées sans alcool, avec moins d’alcool et des doses classiques, et un classement identique pour le sucre. 30ml de Pure by Monin et 100ml d’eau de concombre suffisent à la réalisation d’un “Green water”. La nouvelle gamme Pure by Monin, des concentrés aromatiques sans sucres ajoutés et sans édulcorants, doit permettre aux bartenders de réaliser des cocktails moins sucrés.
Photo de couverture: Cocktails Spirits/Philippe Levy
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.