Data et intelligence collective sont au menu du Top 500 des bars crée par le blog Le Cocktail Connoisseur. Son fondateur, Anthony Poncier, fort d’un long parcours dans le digital, nous en dit plus.
Pourquoi avez-vous souhaité créer un nouveau classement dédié aux bars ?
Cela fait cinq ans que le blog Le Cocktail Connoisseur a été lancé. Son but est de mettre en valeurs le travail des bartenders du monde entier à travers des interviews, des vidéos et des photos. Bien souvent en discutant avec les gens de l’industrie, la question des classements ou awards revient régulièrement dans les discussions, avec le sentiment de voir toujours les mêmes bars mis en avant, alors que des centaines de bars existent de par le monde. Mais au final quand on regarde bien, il existe assez peu de classements à un niveau global, si par exemple on compare le monde du bar à celui de la gastronomie. De nombreuses industries évoluent sous l’impact du numérique et donc le digital nous a paru la bonne solution pour répertorier un plus grand nombre de bars, puisque le nombre de jurés et leur disponibilité pour voyager dans le monde entier sont limités. Nous avons recensé beaucoup plus de bars, mais 500 nous a semblé un bon chiffre, car l’exhaustivité aurait de toute manière été impossible pour ce projet.
Comment votre expérience sur le Cocktail connoisseur vous a-t-elle servi sur le projet ?
Le Cocktail Connoisseur a toujours été un projet de passion à côté de mon travail. Je travaille dans le digital, il a donc semblé naturel d’allier mes compétences professionnelles à ma connaissance du monde du bar. Si on prend les GAFA, malgré des équipes pléthoriques et des sommes très importantes, au début les résultats ont été/sont parfois hasardeux. Quand on traite plusieurs milliers de données dans plus de vingt langues différentes, cela devient assez complexe et les connaissances techniques et contextuelles sont indispensables. Ne serait-ce qu’au départ pour construire le corpus de sources de bars sur lesquels les recherches vont être effectué sur le net. La connaissance du milieu, de sources diverses et variées, de gens de l’industrie pour demander des références dans certaines régions que je connais moins bien ou qui spontanément m’ont partagé des informations pour aider… tout cela pour créer une sorte de base de données des bars dans le monde.
« L’intelligence collective fait sens »
Pourquoi avez-vous fait le choix d’un algorithme pour concilier les différents critères de classement ?
Faire une liste de 500 bars ou plus sans classement nous a semblé inutile et surtout il en existe déjà si on cherche un peu. Faire nous-mêmes un classement ne faisait pas vraiment sens, car on ne connait pas tous les bars présents dans le Top 500, même si nous avons visité des centaines de bars dans le monde. Outre la problématique du nombre de bars visibles dans les classements, la question de la sélection s’est posée aussi. Beaucoup de gens laissant entendre que souvent les votes ne sont pas toujours dénués d’influences. Là encore le digital semblait la réponse, puisque cela permettait de soumettre toutes les données à un même filtre de manière neutre dépassant le subjectif « j’aime, j’aime pas ».
Quels critères avez-vous retenus ?
L’autorité de la source est prise en compte: ainsi une revue de référence sur les bars « vaut plus » qu’un blog lifestyle qui n’est pas spécialisé sur les cocktails et qui publie un papier sur la question de temps en temps. De même, le périmètre de la source est aussi important. Ainsi un classement international est plus valorisé qu’un classement local, puisque la compétition est plus importante au niveau global pour y être intégré. Enfin, l’idée de sagesse des foules ou intelligence collective qui est quelque chose de prisé dans le monde du digital est aussi pris en compte. Ainsi nous n’avons pas voulu recenser uniquement l’avis de professionnels, journalistes ou influenceurs, mais bien celui des clients, après tout il s’agit d’un business, en tenant compte des résultats des grandes plateformes où les gens donnent leurs avis. Ainsi des bars moins reconnus par la profession mais appréciés du public sont aussi inclus dans les données traitées. Et le fait que cela soit l’avis d’un groupe de personnes et non juste d’une personne, a aussi son importance dans la pondération, d’où le côté « intelligence collective ».