La mise en exergue de nombreux suicides liés au travail ces dernières semaines oblige les entreprises, par ailleurs bousculées par la crise, à réorienter leur discours et leur action.
Les PME seront, dans le prochain classement des entreprises « où il fait bon travailler », séparées… mais pour y figurer, il faudra toujours payer. Le palmarès annuel mené par Great Place to Work constitue toujours, en dépit de nombreuses imperfections, le classement de référence en matière d’épanouissement professionnel, et une référence en or pour les firmes y figurant. Un exemple particulièrement fort en matière de marketing RH.
Les premières éclaircies sur le marché du travail apparaissent seulement, mais les entreprises se positionnent déjà comme des recruteurs en puissance, prêts à s’engager en faveur de leurs collaborateurs et dans diverses actions sociales. La crise a mis en exergue une demande forte de valeurs de la part de l’opinion. Les récentes campagnes institutionnelles de Bouygues (« Donner aux salariés plus qu’un salaire ») ou de Danone le prouvent: les entreprises dépassent le seul cadre de leur activité pour tenter d’introduire du sens dans leur action.
Ces récentes opérations de communication, plus ou moins doublées de résultats concrets selon les firmes, témoignent d’une volonté et d’une nécessité de réimplantation de l’entreprise comme acteur social. La série de suicides révélée chez France Télécom a marqué les esprits, le travail étant considéré comme un fardeau, et non plus comme un moyen de se réaliser et d’œuvrer en équipe. Les lourds objectifs imposés aux salariés de l’opérateur historique, contraint de passer d’un monopole à un paysage ultra-concurrentiel, ont fait office de déclencheur.
Mieux prendre en compte les risques psychosociaux
Cette nécessité de réinscrire l’entreprise dans son environnement émane également de l’action politique. Afin de contrecarrer l’émoi suscité par les événements s’étant déroulés à France Télécom, le ministre du Travail et des Relations sociales Xavier Darcos a annoncé, mi-octobre, une série de mesures visant à prévenir le stress au travail. Les entreprises sont mises au pied du mur: elles seront obligées de négocier sur cette thématique, ou feront l’objet d’une sensibilisation selon leur taille. 66% des Français déclaraient ressentir, à cette période, de plus en plus de stress au travail.
Le nombre de formations liées à la prévention des risques psychosociaux connaît actuellement une explosion, symbole de l’importance désormais accordée à cet enjeu crucial en matière de politique de ressources humaines. Retenir les meilleurs éléments, gérer les compétences, et définir une organisation plus adéquate du travail ne peut plus se concevoir sans prendre en compte les conséquences psychologiques et sociales qu’elles engendrent.
« Avant la crise de 2008, notre direction générale se posait déjà la question de mieux concilier la performance économique de l’entreprise avec sa responsabilité humaine », expliquait récemment au site spécialisé Focus RH Annick Verdier, DRH de BNP Paribas Personal. Dans l’oeil du cyclone, les banques ont dû redoubler d’efforts pour gommer une image mise à mal par les difficultés économiques et diverses affaires, et affirmer leur poids en matière d’emploi. Annick Verdier insiste cependant sur la contrepartie de l’implication de l’entreprise: chaque collaborateurs a pour devoir d’« exercer pleinement son métier ».
Un « contrat » entre employeurs et salariés qui n’est pas une nouveauté en soi, mais dont les contours sont redéfinis à la faveur d’un contexte particulièrement sensible.
Prochain rendez-vous RH le 5 janvier