Avec des styles plus clairement identifiés et des initiatives pour désaisonnaliser la consommation, les professionnels du cidre souhaitent toucher plus de consommateurs.
Au printemps, le cidre entend faire valoir ses atouts. L’Union interprofessionnelle cidricole (aussi appelée Cidres de France) s’est appuyée sur la start-up de box Calyce Cidre pour créer un coffret réunissant cinq styles de cidres (“moelleux et fruité”, “frais et acidulé”, “savoureux et équilibré”, “généreux et structuré”, “sec et charpenté”). Des mentions destinées à clarifier la catégorie : “les consommateurs ont tendance à déclarer qu’il aime le cidre brut. Ils préfèrent en réalité le demi-sec, une dénomination peu utilisée et mal comprise”, observe Jean-Louis Benassi, directeur de l’interprofession.
Autre objectif : désaisonnaliser la consommation. au-delà de l’épiphanie, ou de l’été en Normandie et en Bretagne, et l’élargir en plus du seul apéritif. Un moyen de tourner la page des deux dernières années, marquée par un arrêt prolongé du circuit cafés-hôtels-restaurants. Or, la consommation hors-domicile représente 25 à 30% des débouchés. Les crêperies représentent environ 80% des volumes écoulés en restauration. “Il y a eu des aides pour la gestion du marché, et individuelles”, précise Jean-Louis Benassi.
250 000 tonnes de pommes sont produites par an en France, dont la moitié est destinée à l’élaboration du cidre. 60 000 tonnes sont utilisées par l’industrie du jus de pomme. 900 000 hectolitres sont produits en France. Les effets du changement climatique se font déjà sentir. “Un cidre, naturellement, peut monter jusqu’à 7 ou 8 degrés, selon les années. Quand nous avons des années sèches, la question de l’alcool est plus difficile à gérer. Par ailleurs, on voit plus d’insectes. Des événements plus extrêmes, comme le gel, nous pénalisent aussi”, explique-t-on au sein de l’interprofession.
Divers styles à découvrir
Les spécificités du cidre doivent être mieux mises en avant, estime Arnaud Didier, œnologue de formation et cidrologue pour l’interprofession. “Les tanins de la pomme n’ont pas de capacité à protéger le cidre trop longtemps. On peut avoir des cidres qui vieillissent bien, mais cela reste assez aléatoire, et ce n’est pas un objectif pour la majorité des producteurs. Le caractère fruité et croquant du cidre reste assez peu longtemps.” Ce qui n’empêche pas de découvrir la diversité des produits.
Ainsi, Perle de cidre (5%), sous la marque Val de Rance (Celliers associés), est un cidre brut élaboré à partir de variétés acidulées. “Le cidre est une boisson d’assemblage de familles de pommes à cidres (acides, douces, douces amères, amères).” Un cidre frais, vif, qui sent la mangue et l’ananas, avec des notes de citron confit, pour l’apéritif. L’effervescence est très fine et très crémeuse. En Mayenne, le Cidre d’Avrolles, des Vergers de la Rouerie, se distingue par sa couleur très jaune. Au nez, on retrouve des notes de fruits frais Un produit plus sucré, plus acide et très acidulé.
A Cambremer (Calvados), Antoine Marois produit La Garenne, un cidre Pays d’Auge, avec des fruits plus mûrs, des notes de foin séché et de tabac blond ; de cuir également. “Il y a une majorité de pommes douces-amères, avec de la mâche en bouche.” Au Val-au-Perche (Orne), en AOC Cidre du Perche, 2019. la Cidrerie traditionnelle du Perche élabore un cidre (L’Hermitière) avec un peu moins d’acidité, et un peu plus de structure amère. On compte quatre appellations en cidres Pays d’Auge, Perche, Cotentin, Cornouailles, et une en poiré Domfront).
Pour élargir la cible de consommateurs, les professionnels comptent par ailleurs sur la profusion de start-up spécialisées, comme Sassy ou Fils de Cidre.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
Photo: Pixabay/Veronicatxoxo