Pâques représente une période importante pour les chocolatiers, qui misent sur un rebond de la consommation. Les troubles géopolitiques affectent toutefois la filière.
Le beau temps va-t-il refroidir les consommateurs de chocolat ? En dépit de températures estivales, les professionnels comptent écouler pas moins de 13.000 tonnes de chocolat (3,5% des volumes vendus sur une année) durant la période de Pâques. Les pralines et les compositions saisonnières représentent 40% des ventes, devant les tablettes (36%) et les barres (16%). En 2010, ce marché a pesé 2,6 milliards d’euros.
Les ventes risquent toutefois d’être contrariées par la hausse des cours, notamment due à des événements géopolitiques, tels que la difficile succession présidentielle en Côte-d’Ivoire. Le cacao est devenu un instrument de pression entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, mais la plupart des chocolatiers et industriels assurent avoir diversifié au maximum leurs approvisionnements. Une précaution qui semble avoir ses limites : les cours de la « fève brune » se sont appréciés de 135% en cinq ans.
« Le cacao est une denrée très spéculative, soumise aux variations, comme les cours de bourse. On a de la demande et une forte consommation, donc les prix vont probablement être à la hausse dans les temps à venir », explique à 20 Minutes Geoffroy d’Anglejan-Chatillon, directeur général de La Maison du chocolat. La profession semble néanmoins jouer la modération sur les étiquettes : les prix des produits chocolatés n’ont grimpé que de 7% sur ces quatre dernières années, selon les données de l’Insee.
La consommation repart à la hausse
Les ventes de chocolat sont reparties depuis l’an dernier à la hausse (+2,4% en volume), après deux années marquées par des comportements guidés par la crise. Cette inflexion dans la rationalisation des achats profite essentiellement aux barres, Kinder Bueno en tête, et aux confiseries chocolatées, malgré un environnement réglementaire qui s’est largement durci : indications nutritionnelles sur les messages publicitaires et action sur les devants de caisse ont pu exercer une influence sur les achats.
Signe de la reprise, le groupe suisse Barry Callebaut, premier chocolatier industriel mondial, a enregistré sur l’exercice 2010 un bénéfice net en hausse de 9%. Les ventes enregistrent une croissance à deux chiffres sur la zone Asie-Pacifique (+18,2%), et de 6% en Europe. Un plan d’urgence a été déployé pour parer aux éventuelles conséquences des troubles en Côte-d’Ivoire sur l’approvisionnement.
Autre composante essentielle du marché, le développement rapide de gammes « équitables », ayant pour objectif une meilleure rémunération des producteurs. 75% des fèves de cacao sont produites en Afrique du Nord, une région ciblée par l’association de consommateurs belge Test-Achats et l’ONG internationale Oxfam, qui relèvent, dans deux études, un défaut d’étiquetage et de traçabilité ainsi que des conditions de production particulièrement délicates. Un goût amer pour la plupart du chocolat actuellement dégusté ?