La consommation et la production de vin est en pleine augmentation en Chine. Premier marché à l’exportation des vins de Bordeaux, il s’agit d’un débouché majeur pour la filière, mais pas exempt de risques.
En hausse spectaculaire (+ 104,4% depuis 2005), la consommation chinoise de vin prouve que les pays émergents sont de nouveaux marchés potentiels pour la filière… qui, en parallèle, voit se développer une production locale. « Nous encourageons les Chinois à produire car plus ils boiront leurs vins locaux, plus ils auront envie de découvrir ceux des étrangers », indique à La Tribune Robert Beynat, directeur général de Vinexpo, salon mondial qui se tiendra en juin prochain à Bordeaux.
L’exportation reste toutefois la priorité des producteurs français. Exemple le plus significatif, celui des vins de Bordeaux, dont les ventes s’effectuent aux deux tiers dans l’Hexagone. Baisse de la consommation oblige, l’élargissement de la commercialisation s’avère indispensable: l’intérêt porté par l’ancien Empire du Milieu semble donc, de prime abord, le bienvenu. Entre novembre 2009 et octobre 2010, la Chine et Hong Kong ont importé 251.000 hectolitres de vins de Bordeaux, le total s’élevant à 333 millions d’euros. Il s’agit désormais, en valeur, du premier marché à l’exportation pour ces vins ! A noter, la suppression des taxes à l’exportation par Hong Kong, accélérateur d’activité.
Signe d’un intérêt marqué pour le pays, la région Languedoc-Roussillon a ouvert il y a quatre ans une « Maison » en Chine, et s’est appuyée sur sa marque commerciale Sud de France pour imposer ses vins. L’enjeu consiste à accroître la notoriété de ce territoire, les vins de Bordeaux constituant le segment le plus connu de l’offre. « Nous sommes la deuxième région viticole française derrière Bordeaux. Même en valeur, nos ventes dépassent celles de la Bourgogne », explique au site spécialisé Vitisphère la responsable export de la zone Asie, Catherine Machabert. Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne organise pour sa part des wine tours à destination des entrepreneurs.
Des risques qualitatifs
Toutefois, si la Chine constitue un relais de croissance avéré, elle n’en demeure pas moins un pays délicat à appréhender, notamment en termes de propriété intellectuelle. Il est primordial, pour les producteurs, de « faire attention aux contrefaçons. Elles s’y développent sur des marques connues. Les propriétaires de châteaux adoptent des parades sur leurs étiquettes, capsules ou bouteilles », confirme le directeur du négoce Yvon Mau, Philippe Laquèche, dans un entretien accordé à Sud-Ouest.
Une vague d’arrestations récemment intervenue dans un scandale de vin frelaté rappelle les risques inhérents à un développement dans le pays… et les conséquences potentielles de ce type d’affaires pour l’ensemble de la profession. 5.000 cartons ont été saisis par les autorités – de source officielle – et des plusieurs entreprises vinicoles ont dû interrompre leur activité. Les entreprises souhaitant s’implanter en Chine doivent redoubler de vigilance dans le choix de leur partenaire, la production de vin pouvant être une activité secondaire pour ce dernier.
Désormais septième producteur mondial, entre l’Australie et l’Afrique du Sud, la Chine pourrait bien voler la vedette au « nouveau monde ». Le cabinet International Wine and Spirit Record table en effet sur une croissance de 77% de la production locale d’ici à 2014: il s’agirait alors de la plus forte progression mondiale en cinq ans. Pour mémoire, ce n’est qu’en 2007 que la Chine a intégré le top 10 des producteurs à l’échelon planétaire. La France n’a toutefois guère de souci à se faire du point de vue de sa suprématie en la matière: elle a retrouvé, en 2010, son rang de leader, devant l’Italie.
Avec de faibles volumes produits mais des indicateurs résolument positifs, la Chine est une terre qui, dans le secteur viticole et vinicole, semble encore pouvoir être défrichée.