Pendant le confinement, Vépluche a ouvert sa plateforme d’e-commerce aux particuliers. Un moyen d’élargir la notoriété de cette start-up parisienne de six personnes, créée en novembre 2018, qui compte une cinquantaine de clients restaurateurs à Paris, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et prochainement dans les villes limitrophes. Son principe : offrir aux établissements la collecte de leurs biodéchets, contre l’achat de fruits et légumes. Une offre alimentaire sourcée à proximité. Clara Duchalet, fondatrice, nous en dit plus.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux biodéchets ?
J’ai toujours grandi dans l’idée qu’il n’était pas normal de jeter des déchets. A Paris, je n’ai pas vu de système satisfaisant de tri. Soit vous faites payer la collecte, soit vous offrez la collecte mais vous vendez des produits en contrepartie – ici, les fruits et légumes. La réglementation en vigueur (Grenelle II) déclenche une obligation de traitement des biodéchets au-delà de 10 tonnes (on estime au-delà de 200 couverts par jour). Le seuil passera à 5 tonnes en 2023, et tout le monde devra s’y mettre en 2024.
De quelle manière fonctionnent vos services ?
Nous collectons gratuitement des biodéchets auprès des professionnels de la restauration commerciale, et nous avons une solution pour les services de restauration collective, qui ont l’obligation légale, au-delà de dix tonnes par an, de valoriser ces déchets alimentaires. Les biodéchets ont une certaine valeur. Nous les collections pour les transformer en compost et en terreau. Sur notre site internet, nous vendons des paniers de fruits auprès de nos restaurateurs – cet engagement déclenche les collectes. Pour la restauration collective, nous proposons les fruits et légumes sous forme de paniers pour les salles de réunion, etc. Nous avons des salariés motivés, qui se déplacent en vélo-cargo pour voir les restaurateurs.
Comment avez-vous eu l’idée d’en transformer en compost puis en terreau ?
Il est difficile de tirer une valeur monétaire des biodéchets. La contradiction du biodéchet est d’être une matière riche ; des recycleurs nous auraient fait payé des déchets que nous aurions collecté. On a souhaité pousser le cran plus loin en en faisant un terreau, mélange de terres et de compost, utilisable immédiatement. Nous avons crée une usine de compostage à Châtillon (Hauts-de-Seine). Ensuite, un partenaire réalise le terreau et ensache le produit final. Pendant très longtemps, nous pensions faire de la méthanisation en ville. Les investissements sont lourds, le foncier rare. C’est complémentaire du compostage, mais moins flexible. Nous avons des composteurs, des machines semi-industrielles. En trois semaines, nous avons un compost normé.