Vendredi 16 août, les Plages Electroniques étaient à guichets fermés à Cannes, pour la première journée d’un des plus grands festivals français. Le décalage de la date n’a pas entamé la motivation des festivaliers, mais a induit plusieurs changements pour les organisateurs, qui ont continué, aussi, à améliorer l’expérience.
Roxie a ouvert le bal, vendredi 16 août.
« Etre sold out dans un contexte difficile pour les festivals, c’est une très belle performance », se félicite Matthieu Corosine, le producteur des Plages Electroniques, avec Benoît Géli, via Allover Production. 60 000 personnes étaient au total attendues du vendredi 16 au dimanche 18 août, pour ce festival dédié à l’électro et aux musiques urbaines, sur la plage et au sein du Palais des festivals et des congrès de Cannes (Alpes-Maritimes), contre 55 000 l’an passé. Un satisfecit d’autant plus fort que l’événement a dû voir ses dates décalées d’une dizaine de jours, l’organisation d’événements culturels de grande ampleur ayant été interdite par le ministère de l’Intérieur durant les Jeux olympiques et paralympiques.
Matthieu Corosine, producteur
« Organiser un festival le week-end du 15 août, qui s’additionne à un pont, a des conséquences financières sur plusieurs postes », jusqu’à 30% de plus par rapport à l’année précédente, notamment sur les transports, l’acheminement du matériel ou l’hébergement. La petite fenêtre de tir qui s’est ouverte entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques a par ailleurs induit une forte concentration de festivals au même moment, tandis que de nombreux artistes n’ont pu réaliser leurs tournées comme à l’accoutumée. Ceux-ci ont commencé à être programmés un an à l’avance.
Un staff renforcé
Côté prestataires, « il y a eu une pénurie de gros événements depuis un mois et demi, donc les gens ont besoin de travailler », rappelle Matthieu Corosine. De nombreux agents de sécurité présents sur place, parmi les différentes sociétés mandatées, ont ainsi travaillé à Marseille ou à Nice durant les JO, et viennent de reprendre les prestations événementielles. Au total, 1700 personnes sont mobilisées durant dix jours, un effectif revu à la hausse (+10%) pour améliorer les conditions de travail sur certains postes, dont ceux des techniciens. En juillet, à plus petite échelle, Allover Production a pu organiser la cinquième saison de la Villa Jamel Comedy club, sur cinq dates, à Cannes, avec 5000 spectateurs au total.
Matthieu supervise l’équipe de sauveteurs, sur la plage.
Sur la plage, où se situe la scène principale, l’équipe de lifeguards est aussi aux aguets. L’originalité des Plages Electroniques est de pouvoir faire la fête les pieds dans l’eau, avec une vue imprenable sur la Croisette. Le dimanche, Red Bull installe une scène aquatique, avec un effectif de sauveteurs grimpant à 16 personnes. Ils sont 10 l’après-midi et 12 le soir. « Nous suivons le flux de festivaliers. Il faut savoir garder son calme et anticiper les différentes situations possibles. Nous recrutons des sauveteurs qui sont dans notre cercle, puisque nous sommes nombreux à travailler sur les plages de Cannes », précise Matthieu, le responsable de l’équipe durant le festival. L’effectif est complété un mois à l’avance.
La terrasse peut accueillir jusqu’à 4000 personnes.
La nouvelle scène La Centrale (4500 personnes de capacité) a été pensée comme un club de jour.
Cette année, les espaces du festival ont légèrement évolué, afin de désengorger la plage. La scène La Centrale, située dans une vaste salle circulaire, peut accueillir 4500 personnes, à proximité du vieux port. Un lieu permettant d’avoir plus de capacité en pleine journée, tandis que l’élégant Salon des Ambassadeurs, situé dans l’un des étages du Palais des festivals, a été réservé pour les afters, organisés chaque nuit de minuit à 5 heures du matin.
Une nouvelle technologie pour le service de la bière
L’un des nerfs de la guerre, durant le festival, se situe autour des bars. Ceux-ci représentent 25% des recettes. « On met un an pour préparer l’organisation », souligne Matthieu Corosine. 13 bars sont disposés au total, pour un total de 185 mètres linéaires. Cette année, 65 000 litres de bière doivent être débités, contre 60 000 litres en 2023. 36 tonnes de glaçons et 145 000 écocups consignées sont aussi prévus. La moitié des gobelets sont génériques, afin de pouvoir être réutilisés sur d’autres événements. Une station de lavage a, en outre, été installée sur le festival, mobilisant une dizaine de personnes.
A l’occasion des Plages Electroniques, Allover Production a intensifié son partenariat avec Brasseries Kronenbourg. 35 000 litres de bière doivent au total être stockés dans de nouveaux tanks auto-réfrigérés de 1000 litres. Un an de travail a été nécessaire pour y parvenir. « Nous sommes le premier gros événement à se doter de cette innovation. La bière arrive à 6 degrés, la température idéale. Cela permettra aussi de limiter les pertes. Cinq visites techniques ont eu lieu au cours des derniers mois pour s’assurer du bon fonctionnement du système », explique Matthieu Corosine.
Parmi les autres stands, citons la présence de Marie Brizard avec une offre de cocktails (aperitivo et hugo spritz, pornstar martini), et de Cockorico (dans le giron de Pernod Ricard), une marque de cocktails prêts-à-boire servis en pression, avec une gamme élargie (gin basil fizz, mojito passion, spritz).
Un poids économique grandissant
Le festival attend 65 000 personnes sur trois jours.
Signe de l’engouement du public pour le festival, en 2023, le panier moyen de la billetterie s’était élevé à 155 euros, en hausse de 19% par rapport à 2022. Le festival avait réuni des visiteurs d’un âge moyen de 30 ans, et issus à 43% d’autres régions que Provence-Alpes Côte d’Azur.
Le poids économique des Plages Electroniques était estimé par ses organisateurs à 10,2 millions d’euros, avec un impact économique sur l’agglomération de Cannes Pays de Lérins estimé à 2,1 millions d’euros. 69% des festivaliers ont réalisé une activité marchande sur le territoire. Dans un format de festival classique depuis 2015, les Plages Electroniques étaient auparavant des soirées disséminées durant l’été, avec 400 personnes en 2006.