Les pays émergents ne manquent pas d’atouts pour séduire les investisseurs. Leurs performances sont toutefois à mettre en regard des difficultés traversées par les pays développés.
« Pour 2010, la croissance des pays émergents devrait dépasser 5% contre 1,7% seulement pour les pays de l’OCDE », estime la société de gestion d’actifs Schroders. Ces deux chiffres suffisent à présenter les principales causes de l’engouement provoqué par les marchés émergents. Par ailleurs, certains gérants de fonds n’hésitent plus à expliquer que les pays émergents sont devenus moins risqués que les pays développés, notamment sur le plan des déficits (l’exemple de la Grèce a refroidi les investisseurs).
Signe du développement de l’intérêt porté à ces marchés, le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers, a développé un nouveau concept dans la veine des BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine), dont la première mention remonte à 2003 dans un rapport de Goldman Sachs. Selon PwC, le PIB de l’E7, à savoir les sept principaux pays émergents sur le globe (Chine, Inde, Brésil, Russie, Mexique, Indonésie et Turquie), dépassera celui des pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) en 2020.
Si les émergents ont tiré leur épingle du jeu, c’est notamment par une politique active de soutien à la demande, de puissantes réserves de devises permettant de mettre en œuvre des mesures « anti-crise » que pourrait envier n’importe quel pays développé. Doté de 585 milliards de dollars, le plan de relance mis en place en Chine entre novembre 2008 et mars 2009 continue de produire ses effets, notamment sur le plan de la demande intérieure.
Les pays industrialisés peinent à sortir de la crise
Les matières premières constituent également un des éléments du succès rencontré par ces marchés en cette période de sortie de crise. La Chine a représenté près de 40 % de la demande globale au cours du second trimestre 2009. La Russie, qui a établi son budget sur la base d’un baril de brut à 60 dollars, table sur une croissance de 3% en 2010… Prévision qui pourrait être revue à la hausse, le baril se négociant actuellement aux alentours des 75 dollars. La reprise des exportations constitue également un eldorado pour ces pays, la Chine s’étant placée au premier rang des exportateurs l’an dernier.
Cette forte croissance est toutefois à mettre en regard des perspectives pour les pays dits développés, au sein desquels l’investissement se révèle, notamment en Europe, plus aisé. Les réductions de coûts pratiquées pendant la crise, couplées au rebond des ventes, devraient permettre d’accroître la rentabilité de nombreuses firmes, impulsant une dynamique haussière sur leur cours de Bourse. Les problèmes liés à l’octroi de crédits aux entreprises, principalement aux PME, subsistent cependant, entravant les possibilités de développement des firmes. Les différents taux de chômage suscitent également l’inquiétude.
Cet environnement favorable aux pays émergents n’est pas exempt de risques, comme le rappelait récemment le directeur général de la société de gestion d’actifs Comgest, Vincent Strauss, à Investir. « Il y a un côté évidence biblique qui incite à être dans ces marchés, c’est pourquoi une bulle financière a de fortes chances de se former », mettait-il en garde.