- Malgré les difficultés actuelles du réseau CHR, les nouveautés en matière de spiritueux et de bières ne manquent pas. Des références pointues, qui trouveront aussi leur place chez les cavistes, repérées à France Quintessence et à Planète Bière.
Après avoir dû reporter Planète Bière, l’équipe d’Amuse Bouche a décidé d’organiser un événement unique incluant également France Quintessence (dédié aux spiritueux français) et Paris Cocktail Festival (autour de la mixologie). “Dès le printemps, nous avons eu le soutien de nos exposants”, indique Franck Poncelet, coorganisateur. Arrêt des journées grand public (près de 50 000 euros de recettes en moins), dates resserrées sur deux jours, créneaux d’arrivée, hall de 8000 mètres carrés, prise de température, intensification du renouvellement des verres… Autant de mesures permettant à l’industrie de se retrouver – et elle en a besoin dans ces moments difficiles.
Des bières qui se rapprochent des spiritueux
Il y a un an, Ninkasi (photo de couverture), brasseur-distillateur à Tarare (Rhône) et disposant de son réseau de bars en Auvergne-Rhône-Alpes, lançait sa gamme expérimentale à destination des circuits CHR et cavistes. La Smoky Ale (6%) est élaborée à partir du même malt que pour le whisky élaboré par l’entreprise. Un nez assez fumé, davantage présent en bouche, caractérise cette référence. “Elle fonctionne très bien en pinte, les volumes sont au rendez-vous”, observe Matthieu Mahé, responsable export. En collaboration avec le Syndicat national des brasseurs indépendants, Ninkasi a aussi lancé sa version de la Nation’Ale (5,3%), une bière au cahier des charges prédéfini entre les adhérents, avec un mètre cube de houblon récolté à proximité, dans l’Ain.
La brasserie écossaise Innis & Gunn, créée en 2003, lance pour la fin de l’année Vanishing Point 04, quatrième référence d’une série consacrée à des expérimentations sur l’effet du temps dans le vieillissement de la bière. “Des éditions limitées en petits lots qui sont audacieuses et pionnières et qui repoussent les limites de ce que nous faisons aussi loin que nous le pouvons”, indique l’entreprise, dont la France est le cinquième marché à l’export. Se buvant très facilement en dépit de ses 11%, elle insiste sur le partage avec son format 500ml. Un produit à destination des cavistes.
Des nouveautés faiblement alcoolisées
Il y a un an, Heineken entrait au capital de Gallia. En attendant la livraison de son deuxième outil de production dans le Val-de-Marne, la brasserie de Pantin (Seine-Saint-Denis) de nouvelles références, et ne cesse d’enrichir son offre. La Pils de Pantin (4,7%), “ la bière qu’on a envie de boire au bord du canal”, est une Pilsner assez facile à boire, très accessible, malgré la complexité qui caractérise son process de brassage. Elle est disponible en bouteilles et en fûts. Un format uniquement en précommande pour la nouvelle Weiss & Versa, à la levure Hefeweizen Ale. Cette weissbier ne titre qu’à 3,8%, contre 5,5% à 5,7% degrés habituellement. Une bière qui présente une belle mâche en bouche !
Connue pour ses bières peu alcoolisées, la brasserie britannique Brixton, au sein de laquelle Heineken possède aussi une prise de participation, devrait reprendre sa distribution en direct d’ici à la fin de l’année et se recentrer sur son marché domestique. Il faudra donc traverser la Manche pour découvrir quelques pépites, dont la Defiance Pale Ale (4,5%), une bière sans gluten, très printanière dans l’esprit, très rafraîchissante, “même si le côté herbacé est assez tranchant”, reconnaît Paolo Bouquin, business development manager craft beer chez Heineken. Titrant seulement 2,8%, la Spark!, une “super session”, parvient à aboutir à un bel équilibre entre ses céréales.
Des créateurs d’entreprise qui se lancent
A Saint-Gilles (Gard), Numa et Ingrid Cornut ont mis sur le marché, à l’issue du confinement, leur gin, le Blue Denim (40%). Un jeu de mot pour souligner que ce gin provient de la région de Nîmes… tout comme la toile de jean. Ce vigneron (deux hectares en Costières de Nîmes et aux alentours d’Uzès) et sa compagne ont donc souhaité se diversifier avec ce spiritueux très frais, composé de quatorze botaniques, destiné à être vendu chez les cavistes et en cafés-hôtels-restaurants (CHR). Des agents commerciaux s’occupent déjà du produit.
Dans l’Aude, à Fabrezan, Aurélien Carrelas est depuis un an gérant de Kina Karo, une entreprise qui trouve ses origines en 1928. Spécialisée dans les préparations de plantes aromatiques pour les apéritifs, sous forme de sachets à faire macérer dans de l’alcool (elle est la seule en France à en produire), elle a échappé à la faillite. Dans son projet, le jeune entrepreneur, fondateur d’un domaine viticole en 2019 après avoir débuté sa carrière en tant que prothésiste dentaire et dirigeant d’une cordonnerie, a lancé un produit prêt à l’emploi (16%) ayant pour ambition de réveiller le marché du quinquina.
Des spiritueux qui renouvellent les codes
En Gironde, Bordeaux Distilling Company a pour sa part deux ans. Une période mise à profit, en attendant un rhum et un pure malt l’an prochain, pour distiller notamment un gin (43,3%), un London dry à la réglisse, de la genièvre, de la coriandre et de l’angélique. Une saveur très mentholée, très agréable en bouche. “Nous sommes repartis sur les bases du gin”, appuie Antoine Gravouil, cofondateur. A ne pas manquer, la liqueur de café (Cold Brew, 25%), très gourmande, avec de subtiles notes chocolatées en fin de bouche.
En septembre 2019, un nouveau produit est né de l’incubateur interne de Pernod Ricard. “L’Orbe crée une nouvelle façon d’améliorer les spiritueux blancs, en apportant intensité et complexité sans vieillir. Cette technique d’infusion unique, sans stabilisation chimique, sans aromatisation ni additifs, préserve l’intégrité des ingrédients rares”, explique le groupe. Cette vodka est infusée au caviar grâce à l’enrobage du précieux ingrédient dans une perle à base d’algues et d’eau. Commercialisé à la Maison du Whisky (135 euros) et en épiceries fines, le produit vise aussi l’hôtellerie de luxe.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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