Selon des chiffres calculés par l’ex-secrétaire général de l’administration flamande, ancien chef de cabinet de ministres de l’Economie belge Rudy Aernoudt, et rapportés par le quotidien Le Soir, une éventuelle scission de la Belgique serait financièrement préjudiciable aux trois régions du Royaume, ce qui n’épargne pas la Flandre.
La facture annuelle pour la Belgique s’éleverait à 7,2 milliards d’euros, soit 2,3 % de son PIB. La Flandre perdrait au change 1,25 milliard d’euros par an selon l’auteur de l’étude, et la région Bruxelles-Capitale 1,06 million, une somme inférieure du fait de son poids démographique plus faible. Mais c’est la Wallonie qui paierait essentiellement les conséquences d’une partition du Royaume. Selon les chiffres publiés par l’administration flamande du Budget et des Finances, la Flandre transfère chaque année 5,4 milliards aux deux autres régions, dont quatre milliards vers la Wallonie. Ces flux financiers s’annulant, le Sud du pays devrait être pénalisé.
L’économie wallonne fait pâle figure face à sa consoeur flamande, ce qui attise les tensions séparatistes. En 2005, la Wallonie ne produisait que 23,4% du PIB belge contre 57,3% pour la Flandre et 19,3% pour la région Bruxelles-Capitale. Le taux de chômage atteignait 11,7 % en Wallonie contre 5 % en Flandre. Différence la plus criante, le taux d’endettement: en 2006, celui-ci atteignait 72,7 % au Sud du pays contre 5 % au Nord. Divers plans adoptés par les autorités wallonnes ces dernières années sont en train de redorer le blason d’une région à l’image rongée par ses piètres performances économiques.
De ce fait, l’économie wallonne connaîtrait un recul équivalent à 6 % de son produit national brut, et le budget serait amputé chaque année de 4,89 milliards d’euros. Un chiffre plus marquant est avancé par Rudy Aernoudt: « le nombre de Wallons qu’une scission plongera sous le seuil de pauvreté passera de 16 à 27 %. A politique inchangée. Car un tel scénario contraindra les décideurs wallons, pour équilibrer leur budget, à limiter l’octroi des allocations de chômage dans le temps, par exemple« , explique-t-il. Pour éviter d’en parvenir à une telle situation, il suggère de renforcer les compétences de l’Etat fédéral en encourageant les actions interrégionales. Par exemple, la moitié des 200.000 chômeurs wallons pourrait pouvoir les 150.000 emplois vacants en Flandre.
La présence d’un Etat fédéral plus fort serait aussi du goût de l’OCDE: selon ses chiffres, la perte d’efficacité de l’administration belge à la suite des transferts de compétence monte à 15 %.