Des établissements qui ont prêté à Lehman Brothers, la banque belgo-néerlandaise Fortis – bien implantée en France – en difficulté, la première caisse d’épargne américaine qui fait faillite et les images datant d’août 2007 sur lesquelles on voit les clients de la britannique Northern Rock retirer leurs économies… Les clients des banques ont de quoi être inquiets. Lors des quinze derniers jours, les demandes de renseignements auprès du Fonds de garantie des dépôts se sont élevées à plusieurs centaines par jour, un chiffre élevé comparé à l’activité normale de l’entité.
Les résultats financiers des établissements français s’inscrivent dans ce contexte difficile. Sur les six premiers mois de l’année – et avant l’affaire Lehman Brothers -, seule BNP Paribas tire son épingle du jeu avec 3,4 milliards d’euros de bénéfices. Ceux-ci ne s’élèvent qu’à 21 millions pour les Caisses d’épargne (contre 1,4 milliard au premier semestre 2007) ou à 94 millions d’euros pour les Banques populaires, un résultat à mettre en regard des 1,1 milliards engendrés un an plus tôt. Des réductions d’effectifs ont d’ores et déjà été annoncée chez Natixis, les Caisses d’épargne et la filiale d’investissement du Crédit agricole, Calyon.
Malgré ces difficultés, le système semble encore en état de marche. C’est du moins le message envoyé par les autorités: « pour l’instant, nous avons une très grande disponibilité du crédit et les mécanismes fonctionnent. Quand on regarde l’évolution du crédit, on est encore sur des augmentations qui sont de l’ordre de 7 à 8% sur les derniers mois en tendance annuelle, pour les particuliers, et de 12 à 13% pour les entreprises« , a indiqué la semaine dernière le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer lors d’une intervention télévisée. « La liquidité interbancaire n’est pas encore rétablie, et les banques paient cher leur refinancement. Mais cela ne remet absolument pas en cause leur santé« , précise dans Challenges André Lévy-Lang, ancien patron de Paribas et professeur à Paris-Dauphine.
L’Etat comme dernier rempart avant une faillite
La dernière faillite d’une banque en France remonte à 1997, où la banque Pallas-Stern avait dû fermer ses portes, mais n’affectant pas les particuliers compte-tenu du périmètre de ses activités. C’est à la suite de cette affaire qu’a été crée par une loi en 1999 le Fonds de garantie des dépôts, qui couvre les épargnants à hauteur de 70.000 euros si jamais l’établissement auquel ils ont confié leurs avoirs n’était plus en mesure d’honorer ses engagements. Le système français va donc au-delà des minimas imposés par la règlementation communautaire (20.000 euros), mais ne concerne que les établissements ayant leur siège social dans l’Hexagone.
Par ailleurs, la diversification des activités des banques permet à ces dernières de mieux résister à la crise que leurs homologues anglo-saxonnes, davantage spécialisées (dans le crédit immobilier, l’investissement…). Si jamais un établissement venait à se retrouver en difficulté, la Banque de France peut prêter des liquidités à court terme à la banque concernée, tandis que le Fonds de garantie alimentée par les entreprises du secteur peut jouer son rôle. L’Etat garde la possibilité d’intervenir en dernier recours, à la condition qu’un risque avéré de contagion soit présent.
Dans ce contexte pour le moins inquiétant, le chef de l’Etat a réaffirmé jeudi dernier qu’il n’était pas question « qu’un seul déposant perde un seul euro« . Des paroles destinées à rassurer les épargnants et à inciter les banques à renforcer leur vigilance. « Même si les banques françaises forment un îlot de tranquillité, même si nous savons qu’aucune banque européenne ne rencontrera de problèmes de liquidités grâce à l’intervention de la Banque centrale européenne, nous sommes en alerte 24 heures sur 24« , ajoute un proche des autorités au Monde.