La hausse de la population mondiale induit de nombreux défis en matière d’alimentation à l’échelle du globe.
Afin de pouvoir nourrir la totalité de la population de la planète, la production agricole devra croître de 70 % d’ici à 2050. 2,3 milliards de personnes en plus sont attendues d’ici à cette échéance, portant la population à 9,7 milliards d’hommes. Ces chiffres, récemment dévoilés par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), sont la « preuve d’un optimisme prudent sur le potentiel du monde à se nourrir d’ici à 2050 », selon Hafez Ghanem, sous-directeur général. Dans ce contexte, s’assurer du bon déroulement de la situation actuelle s’avère nécessaire pour préparer l’avenir.
Le paysage alimentaire mondial n’est pas particulièrement réjouissant. Des craintes planent notamment sur l’Asie, dont l’autosuffisance alimentaire est particulièrement incertaine. La « révolution verte », initiée dans les années 1970 pour passer d’une agriculture traditionnelle à des cultures de masse et davantage sécurisées, montre ses dommages collatéraux : pollution des nappes phréatiques, difficultés à trouver de nouvelles terres. L’essor spectaculaire de la production, permis par l’utilisation d’engrais, le développement de l’irrigation, et la culture de variétés à cycle court et à haut rendement a ignoré les principes d’un développement durable.
Pour suivre la croissance des besoins alimentaires tels que décrits par la FAO, les terres arables devront augmenter de 120 millions d’hectares en l’espace de quarante ans. Le défi s’annonce majeur en termes d’aménagement du territoire : la majorité des terres inexploitées sont soit recouvertes par des forêts, dont l’impact environnemental est particulièrement apprécié dans le contexte actuel, soit éloignées des infrastructures de communication ou alors présentent des caractéristiques particulières.
Au-delà de la question des terres arables, celle des céréales constitue le second grand problème posé à la communauté internationale en matière de sécurité alimentaire. Les stocks de blé restent particulièrement bas, une tendance qui devrait se poursuivre à long terme : en Afrique, la dégradation de la qualité de certaines terres, liée pour partie à l’urbanisation galopante, pénalise la production, causant à la fois des déséquilibres internes et externes. Il faut toutefois compter en parallèle sur l’émergence de quelques acteurs, parmi lesquels la Russie, qui se hisse désormais au même rang que les Etats-Unis en matière de production de blé.
Relier l’offre à la demande
Les prix des matières premières agricoles représentent le troisième défi à l’échelle mondiale. En ligne de mire, la spéculation, pointée du doigt lors de l’éclatement de la crise alimentaire au premier trimestre 2008. Entre 2006 et 2008, le prix des denrées alimentaires s’est envolé de 60 %, pénalisant de nombreuses populations prises en étau entre une agriculture domestique faiblarde et des revenus très modestes. Certes, les années à venir seront marquées par les suites de la crise, qui entraîne un glissement des prix agricoles, mais ceux-ci seront in fine, selon l’OCDE et la FAO, plus élevés qu’actuellement. L’échéance fixée pour cette remontée, 2018, semble encore lointaine.
Enfin, la sauvegarde du patrimoine génétique alimentaire mondial est en question. Seulement 150 plantes assurent aujourd’hui l’essentiel de l’alimentation, contre 10.000 plantes dans le passé. « Les trois quarts de la diversité génétique des cultures agricoles auraient disparu au cours du dernier siècle », explique la FAO qui met en exergue les risques induits par ces changements de comportements alimentaires. « La désaffection des sources de nourriture traditionnelles au profit de mets commerciaux tout préparés s’accompagne souvent d’une augmentation des désordres alimentaires », indique à Geo Barbara Burlingame, expert auprès de l’Organisation.
La question de la sécurité alimentaire ne se limite donc pas au seul approvisionnement en denrées, mais également à la diversité des produits proposés à la population. Une équation qui passe non seulement par les agriculteurs à l’échelle locale, mais aussi par les industriels, les Etats et les instances internationales pour mettre en adéquation les besoins et leur satisfaction.