Un lieu atypique pour un projet qui l’est tout autant. Dans un immeuble qui date de 1700, la Distillerie de Monaco est, depuis 2017, la première distillerie dans l’histoire de la principauté. Elle propose L’Orangerie, une liqueur conçue à partir d’oranges amères; un gin aux agrumes ainsi que Carruba, une liqueur fabriquée avec des fruits de caroubier. En Ile-de-France, Daniel Gouzien, qui travaillait auparavant sur le portefeuille craft de Pernod Ricard, distribue les produits à travers sa structure DGSA Distribution. 300 clients, principalement cavistes, distribuent aujourd’hui les produits de la Distillerie de Monaco. Son fondateur, Philip Culazzo, nous en dit plus.
Pourquoi avez-vous souhaité créer une distillerie à Monaco ?
J’ai une licence en droit irlandais et en droit français, je suis passionné par les vins et spiritueux. Je possède depuis douze ans une société de négoce. Monaco est un pays très connu dans le monde, mais avec peu de spécialités sur son territoire. L’histoire de la principauté est vraiment ancrée sur l’agriculture (olives, agrumes) avec également beaucoup de commerce maritime. L’idée était de renouer avec cette tradition et d’utiliser les agrumes qui poussent alentour. Il y a 600 arbres, dont les bigaradiers, qui sont plantés à Monaco. Nous produisons aussi des fruits à partir du caroubier, très implanté sur le bassin méditerranéen. C’est un fruit que nous séchons, puis nous assurons la torréfaction. Il a des arômes de café, de chocolat et de caramel.
Comment s’est concrétisé le projet ?
Le projet a été enclenché en 2012. Il y avait une grosse volonté de la part du gouvernement d’y arriver, puisque nous comptions récupérer des agrumes qui partaient à la benne, faute d’être utilisés. Nous récupérons entre 10 et 15 tonnes de fruits par an. Nous avons aussi dû trouver un local adapté, étant une distillerie urbaine. Nous avions besoin d’une hauteur de 4 mètres sous plafond. Pour faire entrer l’alambic (450 kg), fabriqué en Allemagne, nous avons dû retirer les fenêtres. Nous disposons de 4000 litres de stockage en cuves inox, d’une embouteilleuse semi-automatique, d’une pompe à filtrage, d’un pot still (distillation traditionnelle), et une colonne de rectification.
Quels sont vos produits ?
Nous avons une liqueur à l’orange (L’Orangerie) de Monaco, qui se boit bien givrée en digestif. Il n’y a pas de colorants ni d’arômes. Le dosage en sucre est au minimum pour être considéré comme une liqueur. Ce produit rappelle vraiment le goût du bigaradier (orange confite, marmelade). Nous produisons aussi Carruba, grâce à la torréfaction. C’est très gourmand (goût de café, chocolat, chocolat blanc), idéale en cocktail, seule ou en irish coffee. Nous avons fait le test avec le caruba pour une recette qui en est inspirée. Nous avons un gin aux agrumes (orange amère de Monaco ; oranges douces et citrons de la région de Menton ; citron vert, pamplemousse, cédrat, genièvre, coriandre, baies de poivre Sichuan, gingembre frais, thym) sur une base de genièvre. On attaque par la genièvre, avant une jolie finition par les agrumes et les épices.
Comment souhaitez-vous vous développer ?
Nous sommes quatre personnes. Nous faisons de l’export vers l’Asie, l’Europe, j’espère bientôt en Amérique du Nord. Nous voulons développer de nouveaux produits en lien avec le territoire de Monaco et de la région, toujours avec des ingrédients naturels.