La crise politique belge vue par la presse, jeudi et vendredi à Bruxelles « Par prudence, sans doute, par inexpérience, peut-être, Yves Leterme n’a pas endossé, au mois d’août, les habits d’un formateur et, donc, ceux d’un futur Premier ministre« , indique, dans La libre Belgique, Francis Delpérée, sénateur CDH (centre) et constitutionnaliste. Dans ce long papier, l’auteur détaille le scénario qui a abouti, le 25 août dernier, aux prémices d’une crise politique.
A Val Duchesse, où se sont tenues les négociations, les tranches de vie ne manquent pas. Les francophones tentent de faire valoir leurs positions face aux attentes flamandes, mais comment? « Sur l’heure de midi, déjeuner des négociateurs francophones. Au menu : un lapin à la kriek. Plus sérieusement : il s’agit de concevoir une position commune après l’énoncé des nonante et un points qui composent le programme institutionnel des partis flamands. Comment se positionner face à des demandes qui risquent de compromettre l’équilibre de l’Etat fédéral ? Il peut paraître vain de critiquer chacun des points retenus. Il semble plus utile de rappeler un certain nombre de thèmes que les francophones ont déjà mis sur la table à l’occasion d’autres négociations« .
Le courrier des lecteurs ne manque pas d’épingler l’attitude des négociateurs francophones, et en particulier de celle de la présidente du CDH, Joelle Milquet. « Quand on observe le comportement de madame Milquet, on est sidéré du vide politique qui l’habite ou, du moins, dont elle fait preuve. Car enfin, lancer un slogan aussi simpliste que ‘non’, entrer en discussion en clamant haut et fort nous ne demandons rien, c’est faire preuve d’une inconsistance coupable, d’une démagogie pernicieuse. […] Et voilà donc le ‘front francophone’ qui entrait tous les jours à Val Duchesse, le sourire narquois au bord des lèvres sur l’air de: ‘Eh bien, oui, nous y allons, parce qu’il faut bien jouer le jeu, mais rassurez-vous, nous ne demandons rien, nous ne cèderons sur rien, c’est non, et non et non' », commente un lecteur, Jacques van Doormaal.
L’éventuelle scission de la Belgique est analysée sous l’angle économique par L’Echo. « Les francophones doivent-ils craindre pour leur niveau de bien-être dans l’hypothèse d’une scission du pays? Prétendre le contraire serait naïf. La plupart des estimations aboutissent à une réduction moyenne des budgets des entités francophones de l’ordre de 20%. Concrètement, cela signifie que chaque Wallon devrait se passer de 1.000 euros par an, tandis que chaque Bruxellois serait ponctionné de 200 euros sur son budget actuel« , indique le quotidien.
La fiscalité est au centre des points à analyser dès maintenant, selon J.P.Bombaerts, l’auteur du papier: « Partant du constat qu’une bonne partie du malaise au Nord découle d’un sentiment de payer trop d’impôts pour le Sud, certains économistes prônent une réflexion générale sur la fiscalité en Belgique« . Michel Quévit, professeur à l’Université catholique de Louvain, déclare qu’il faut « casser le mythe d’une Wallonie pauvre« : « Compte tenu des transferts, il y aura certainement une chute du niveau de vie. Mais en même temps, il faut casser le mythe des Wallons pauvres face à des Flamands riches. Par rapport à un PIB européen moyen de 100, la Flandre se situe à un niveau de 123 d’après les chiffres de 2004, tandis que la Wallonie est à un niveau de 90. La Flandre ne fait donc pas partie des régions les plus riches d’Europe […] On peut dès lors se demander si la stratégie de la Flandre ne consiste pas à récupérer les moyens financiers qui lui permettraient de réintégrer le peloton de tête européen. Ce qui explique pourquoi la pression flamande porte surtout sur des compétences à incidence financière« . Ce samedi, cela fait 83 jours que la Belgique n’a pas de gouvernement.