Si les bureaux ouverts constituent a priori le moyen le plus efficace de faciliter la collaboration entre salariés, ils doivent conserver la notion de territoire.
Enjeu clef pour les entreprises, le renforcement de la collaboration dans le travail passe – de manière quasi-inévitable – par l’aménagement des locaux. Au-delà des solutions numériques de travail en groupe (cloud, documents partagés), les bureaux ont, dans leur dimension spatiale, une signification – celle que choisit de renvoyer l’entreprise – et peuvent, ou non, appuyer le développement d’échanges informels et le déploiement de nouveaux modes de collaboration, de type « projet » par exemple.
L’immobilier d’entreprise constitue souvent « un frein au développement des pratiques collaboratives. Demain, l’enjeu sera de faire de ce frein un levier de collaboration, créateur de valeur », estime Flore Pradère-Saunier, responsable Recherche entreprises chez JLL (ex-Jones Lang LaSalle), qui a récemment conduit une étude sur le sujet.
Dans ce contexte, les espaces partagés ont notamment été adoptés par de grandes entreprises qui ont emménagé ces derniers mois ou réaménagé leurs locaux. Orange vise ainsi, pour ses bureaux de Châtillon (Hauts-de-Seine), un ratio de 90 % de bureaux ouverts pour 10 % de bureaux fermés. A Jouy-en-Josas (Yvelines), HEC propose pour sa part à ses étudiants de travailler sur des tableaux blancs interactifs et des téléviseurs permettant d’afficher le contenu des ordinateurs.
Des espaces de travail modulables
Le travail collaboratif s’effectuant sans division stricte des tâches, les membres d’une équipe devant pouvoir se rencontrer tout au long d’un projet, l’interactivité doit être facilitée, notamment in situ. Chez Renault, il s’agit notamment de gagner en rapidité en accélérant le temps de développement des véhicules, et, en termes immobiliers, de renforcer l’affranchissement au poste fixe de travail à travers l’équipement de plus de 80 % des collaborateurs en ordinateurs portables.
Pour le conseil en immobilier d’entreprise, « les défis associés à la dispersion géographique sont souvent liés au fait que le groupe de travail, n’étant pas habitué à collaborer en face à face, éprouve des difficultés à travailler à distance ». En permettant aux salariés de reconfigurer leur environnement de travail, les entreprises peuvent faciliter le renforcement de la collaboration sur place. Caissons qui se transforment en sièges d’appoint pour assister un tiers, salles de réunions connectées, bureaux ouverts mais permettant par endroits de s’isoler… : la modularité est de mise. Le choix des ambiances et des matériaux joue également un rôle phare dans la réalisation de cet objectif qu’est l’expansion du travail collaboratif.
Collaborer… au sein d’une équipe et de lieux définis
A Montrouge (Hauts-de-Seine), le Crédit Agricole a tenté de jouer sur les deux fronts en mêlant des bureaux ouverts à des espaces de pause (les lounges) dotés dans chaque service d’une identité propre. Si les principes de libre-circulation et de symétrie des espaces selon les étages et les bâtiments sont de mise, « la notion de territoire reste essentielle ». Les informaticiens constituent la population la plus demandeuse d’innovations dans l’aménagement des espaces de travail, notamment avec des « espaces projets ». Le groupe s’inspirera de cette expérience pour ses projets immobiliers futurs.
« L’implantation immobilière d’une entreprise, comme l’aménagement de ses espaces, peuvent être des freins ou des facilitateurs », rappelle JLL. Le sentiment d’appartenance à l’entreprise peut être développé au moyen de l’aménagement des locaux, tandis que ceux-ci peuvent permettre de retenir, voire d’attirer, les talents. L’implantation géographique représente aussi, en la matière, un élément essentiel de ce postulat.