Un profil de « technology drivers », un manque de veille marché… Focus sur la façon dont les firmes conduisent leur recherche et développement.
Les investissements français en recherche et développement (R&D) apparaissent faibles dans le « top 10 » des pays de l’OCDE : 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) y est consacrée, contre une moyenne de 2,3 %. Le Japon et la Corée du Sud consacrent 3,5 % de leur PIB à la R&D, tandis que l’Italie se contente de 1,3 %. « L’Etat en France a une part relativement plus importante que dans d’autres pays dans l’exécution de la R&D, avec une forte concentration sur l’amont de la chaîne de l’innovation », rappellent les auteurs d’une étude conduite par le cabinet Booz & Co en collaboration avec l’ENPC MBA Paris.
Les activités françaises de recherche et développement se caractérisent également par leur répartition : lorsque la R&D est réalisée par des entreprises privées, seulement 32 % des dépenses sont allouées au développement expérimental (prototypes ou installations pilotes) contre 73 % en Israël ou 57 % en Chine. Cela n’empêche toutefois pas la France de compter des leaders mondiaux : Sanofi, EADS, Alcatel-Lucent, Peugeot, Renault, Orange… Cinq entreprises font notamment partie des cent firmes mondiales les plus innovantes.
Des processus perfectibles
Les entreprises françaises se distinguent également par leur profil de « technology drivers », tels que Google ou Bosch : ces sociétés s’appuient sur leurs compétences technologiques pour proposer simultanément des innovations de rupture (un nouveau concept ; une proposition différente de celles déjà existantes) et des innovations incrémentales (améliorer de manière constante un produit ou un procédé). 60 % des firmes françaises répondent à cette typologie, contre 38 % des entreprises au niveau mondial, et 26 % dans la Silicon Valley.
Les auteurs de l’étude pointent enfin des processus d’innovation moins rigoureux et moins cohérents qu’au niveau mondial : le manque de veille de marché et de suivi des initiatives pèse sur la capacité des entreprises à mener à bien leurs projets de développement. A la décharge des entreprises, l’instabilité fiscale et la complexité des mécanismes d’attribution des aides publiques est aussi mise en cause.
Pour rendre les entreprises françaises plus performantes en matière d’innovation, les auteurs de l’étude proposent qu’elles passent à un modèle de « need seekers » (celui adopté par Apple ou Procter & Gamble) : les clients des firmes sont mis à contribution, tandis que les produits répondent à des besoins non-exprimés. La culture d’innovation doit également être promue dans les entreprises. Les process d’innovation doivent par ailleurs être davantage décentralisés.