Progression fulgurante des jeux mobiles, consoles connectées, cinéma : les professionnels du jeu vidéo tentent d’anticiper et de créer de nouvelles pratiques.
La quatrième édition de la Paris Games Week s’ouvre dans un contexte de mutation du marché du jeu vidéo. Le salon, organisé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), souhaite s’imposer comme l’événement de référence de la filière, qui se caractérise par l’atomisation de ses acteurs – représentés par une poignée de grandes entreprises et une myriade de PME – et une volonté évidente de mettre en avant les atouts de la France dans ce secteur.
Estimé par le cabinet Gartner à 93,2 milliards de dollars, en progression de 18,8 % en glissement annuel, le marché mondial du jeu vidéo est tiré par l’essor des produits mobiles, qui devraient dépasser en 2015 les consoles mobiles et les jeux sur PC. A l’heure actuelle, les consoles représentent toujours 47,5 % du marché, à 44,2 milliards de dollars. Après avoir conquis, il y a sept ans, une nouvelle cible avec la Wii – dont la production vient de cesser -, Nintendo apparaît aujourd’hui en retrait sur ce marché, tandis que Sony et Microsoft doivent respectivement lancer la PlayStation 4 et la Xbox One d’ici la fin de l’année, des consoles plus puissantes et davantage connectées.
Les éditeurs doivent eux aussi s’adapter aux évolutions du marché. Le succès du cinquième volet de Grand Theft Auto (Take-Two Interactive) illustre la capacité de titres phares à créer l’événement, et la nécessité pour les créateurs de jouer avec les limites pour capter un public jeune. Ce positionnement apparaît comme bien particulier au regard de l’âge moyen des joueurs (34 ans en France). La diversité des titres est essentielle sur ce marché qui touche l’ensemble de la famille (90 % des enfants français âgés de 6 à 10 ans jouent à des jeux vidéo, et 65 % des parents jouent avec leurs enfants).
Le Français Ubisoft, qui développe Assassin’s Creed, joue ainsi sur un registre plus consensuel avec ses Lapins Crétins, qui sont désormais présents à la télévision, ou avec le jeu de danse Just Dance. Signe de l’intérêt des investisseurs pour l’entreprise, l’annonce du report de la sortie du jeu Watch Dogs a fait perdre au titre Ubisoft le quart de sa valeur le 16 octobre dernier. L’entreprise souhaite par ailleurs faire évoluer son modèle économique, en se calant, pour les jeux mobiles, sur une stratégie de revenus basés sur l’avancement des joueurs au sein de l’aventure. Une filiale cinématographique a par ailleurs été créée. Du petit au grand écran, l’industrie du jeu vidéo compte bien faire fructifier sa puissance sur tous les supports.