Passés inaperçus dans la crise de la zone euro, les Pays-Bas présentent un profil économique similaire en certains points à ceux de l’Irlande ou de l’Espagne.
Si la Grèce, l’Espagne ou l’Irlande ont fait la Une de l’actualité en raison de leurs difficultés économiques, un autre pays, plus discret, pourrait s’ajouter à cette liste : les Pays-Bas. « Les Pays-Bas présentent plusieurs traits caractéristiques des pays périphériques de la zone euro », explique Benoît Heitz, économiste à la Société Générale, dans une note publiée cette semaine. Un secteur immobilier en crise, un taux d’endettement des ménages parmi les plus élevés de la zone euro, des banques en difficulté et une chute du produit intérieur brut (PIB) caractérisent l’état économique du pays.
Le taux d’endettement des ménages atteignait, en 2011, 128 % du PIB, soit plus que l’Irlande (123 %) ou l’Espagne (86 %) lorsque leur bulle immobilière était au plus haut, pendant l’année 2008. De nombreux ménages, qui ont assisté au triplement du prix des logements entre 1995 et 2008, font face à la chute des prix constatés depuis lors. En 2010, 22 % des emprunteurs néerlandais supportaient une dette hypothécaire supérieure à la valeur de leur bien immobilier, d’après la Banque centrale des Pays-Bas, citée dans la note.
Le système bancaire du pays a par ailleurs été soumis à rude épreuve. Fortis a été démantelée en 2010, se scindant en plusieurs entités relevant d’actionnaires différents, tandis qu’ABN Amro a été acquise en 2007 par un consortium composé de trois banques.
Les Pays-Bas sont également confrontés, à, l’instar de nombreux pays de la zone euro, à la nécessité de réduire – non sans mal – leurs dépenses publiques. Le déficit public du pays s’est élevé à 4 % du PIB en 2012, contre une prévision initiale de 2,2 %. Des élections anticipées se sont par ailleurs déroulées il y a un an. A la différence des pays périphériques de la zone euro, les Pays-Bas peuvent néanmoins compter sur leur excédent courant, la capacité de financement des sociétés financières, et le fort patrimoine de ses ménages.
Malgré des symptômes similaires à ceux de l’Espagne ou de l’Irlande, les Pays-Bas ne dépendent pas de financements étrangers dans les mêmes proportions que les deux premiers Etats cités. Si ces sources de capitaux s’arrêtaient, le pays n’éprouverait pas, selon Benoît Heitz, l’obligation de recourir à une aide externe. En dépit des apparences, les Pays-Bas « appartiennent donc bien au cœur de la zone euro », conclut l’économiste.